Zeph reviewed Les seigneurs de Bohen by Estelle Faye
Review of 'Les seigneurs de Bohen' on 'Goodreads'
Les Seigneurs de Bohen, un titre étrange pour un livre dont aucun des héros n’est Seigneur – à moins qu’ils le soient tous et aucun.
C’est un roman de fantasy très dense, qui rend attachant des personnages très différents les uns des autres. Que ce soit la sorcière – la morguenne – Maëve, ou le bretteur en quête de rédemption Sainte-Étoile avec Mordre et Sonia/Sorenz, le clerc Wens qui se libère de ses chaînes, Sigalit la ravaudeuse et tant d’autres que l’on aperçoit. Ils amènent autant de fils d’intrigue, d’univers, de construction d’un monde fourmillant, vivant et passionnant.
À mon sens, ce fourmillement conduit au principal défaut, à mon sens, de ce coup de cœur. J’attendais trop de la fin, de la résolution des fils. La fin elle-même est grandiose, attendue car elle est préparée minutieusement, et non pas par un manque de suspense, et peu traitée en fantasy, à …
Les Seigneurs de Bohen, un titre étrange pour un livre dont aucun des héros n’est Seigneur – à moins qu’ils le soient tous et aucun.
C’est un roman de fantasy très dense, qui rend attachant des personnages très différents les uns des autres. Que ce soit la sorcière – la morguenne – Maëve, ou le bretteur en quête de rédemption Sainte-Étoile avec Mordre et Sonia/Sorenz, le clerc Wens qui se libère de ses chaînes, Sigalit la ravaudeuse et tant d’autres que l’on aperçoit. Ils amènent autant de fils d’intrigue, d’univers, de construction d’un monde fourmillant, vivant et passionnant.
À mon sens, ce fourmillement conduit au principal défaut, à mon sens, de ce coup de cœur. J’attendais trop de la fin, de la résolution des fils. La fin elle-même est grandiose, attendue car elle est préparée minutieusement, et non pas par un manque de suspense, et peu traitée en fantasy, à mon grand dam. Un travail de longue haleine qui, j’ai eu la sensation, était tellement concentré sur un but que quelques fils ont été négligés. Pourtant, toutes les questions trouvent leurs réponses, mais je reste sur un goût d’inachevé (notamment, le traitement / résolution des adolescents disparus m’a laissée plutôt dubitative, comme si ça avait été expédié, et j’ai perdu une bonne part d’empathie pour les deux ados qu’on suit vu que leur importance… n’en a pas trop).
Attention, je parle quand même d’un livre qui a été un coup de cœur (et pas seulement à cause de Maëve et de ses cheveux verts !), donc ça veut dire que 9/10 du temps, j’avais du mal à lâcher Bohen et que j’y retournerai avec grand plaisir. Parce que la trame globale, celle de fond, est importante, mais je me suis surtout accrochée aux personnages, avec un style impeccable, et à leurs histoires personnelles – celles passées et celles qu’ils construisent. Wens m’a un peu moins accrochée, même si sa relation avec Janosh est intéressante et que leur magie vend du rêve. Sa trame est faite de progressions personnelles et magiques, sa progression intéressante (de la position de victime à meneur), maaaais c’était pas mon dada.
Commençons ici les spoilers ! Pour ceux qui veulent la surprise entière, je conseille vivement la lecture du livre si vous aimez les personnes qui ont des doutes mais surtout la pêche et la rage d’en démordre.
Le fil de Maëve, pourtant très ouvert, m’a donné pleinement satisfaction. J’attendais avec impatience cette fin dès la première mention du trône, et pourtant, j’adore le couple qu’elle forme avec Sigalit. Maëve qui connait deux couples dans le roman, mais… elle reste une femme de la mer. Une autre fin aurait été plus triste à mon goût, car même si l’amour est une chose fabuleuse, il devient vite une prison, et Maëve ne parait pas du genre à rester enfermée sans en ouvrir. Et Sigalit a trouvé une voix où, certes, un peu de soutien lui ferait pas de mal, mais elle se dévoile aussi, avec une puissance et une volonté peu commune.
Celle de Saint-Étoile forcément me laisse un petit goût triste en bouche. C’était beau, et ça ne pouvait pas durer. Je trouve que c’est aussi une des trames les plus complexes. Maëve est complexe, mais elle sait ce qu’elle veut, et elle y va. Valentyn… ne sait pas ce qu’il veut. Et donc pour le lecteur, c’est difficile de savoir s’il l’obtient. Au début, on dirait qu’il cherche la rédemption, c’est ce qu’il dit. Sa relation avec Sorenz montre en tout cas qu’il aimerait au moins pouvoir se poser quelque part avec quelqu’un qu’il aime (ça me paraît une bonne définition de la rédemption). Pourtant, à la mort de son amour, on n’a pas vraiment de réflexion sur la rédemption, sur ce qu’il a perdu ou gagné, mais on sait qu’il veut partir se venger. (Et là aussi, petit fil vite expédié, et c’est fort dommage parce que l’autrice/imprimeuse, elle pète la classe, et les fantômes aussi). Il a appris beaucoup de choses, mais je n’ai pas eu la sensation d’atteindre un point important (je ne vais pas parler de fin, puisque dans la vie, la fin, c’est quand on meurt). Donc un axe qui monte en puissance et dont cette puissance s’éparpille un peu, avec une histoire de vengeance qui ne m’a pas convaincue.
Pour finir sur une note positive, je répète : Maëve a les cheveux verts. Et Sigalit peint très bien, et Saint-Étoile n’a pas l’air mauvais au lit.