A Book of American Martyrs

Un livre de martyrs, mais surtout un livre sur celles et ceux qui restent. Il y a peu j'écoutais une archive radio dans laquelle Romain Gary disait qu'il écrivait pour s'éloigner de lui-même, pour « être aussi loin de moi que possible, pour être chez les autres ». Pour nous, lecteurs, c'est l'une des réussites de ce roman de Joyce Carol Oates. Parce que dans un premier temps, nous sommes transportés dans une Amérique rurale bien loin de l'image de ces USA dont nous avons longtemps été abreuvés. Nous plongeons dans une Amérique en « guerre » où quelques martyrs affrontent « la marée noire de l’ignorance et de la superstition » (dixit Kinch, un personnage). Mais l'autrice ne nous invite pas au combat, mais plutôt à la compréhension. Parce que c'est un roman sur le deuil, sur la haine ; mais surtout, un livre sur la question de savoir si une réconciliation est possible. Polyphonique, parfois dans une tonalité de documentaire ; le style littéraire n'est pas ce qui nous émeut. Mais le talent de l'autrice est dans son génie du récit : dans une extraordinaire et mystérieuse façon de nous secouer et de faire bouger les lignes de nos certitudes.