L’enragé

Un roman cinglant écrit à partir d'un fait réel. En 1934, cinquante-six gamins s'évadent du Centre d'éducation surveillée de Belle-Île-en-mer. C'est l'histoire imaginée de celui qui ne sera pas repris. Avec la précision d'un journaliste, qu'il est, et du vécu et de la colère d'un enfant battu, qu'il fût, que Chalandon nous montre les violences infligées à ces enfants. De la forte tête qu'il fallait être pour ne pas être broyé mais aussi une humanité élémentaire, quelques principes, pour tenir bon, dont sont dépourvues la plupart des adultes croisés. Heureusement, certains se distinguent dans cet océan de bassesse, des pêcheurs. Leçons d'humanité mais aussi description de cette société, exploitation, montée de l'extrême-droite (Croix-de-Feu de de la Rocque, chemises vertes), bigoterie, mais aussi un mouvement ouvrier qui maintient la tête hors d'eau. Le style est cinglant, phrase courte, coups de poing et le regard aiguisé sur cette société réactionnaire et ce que représente comme lumière des gens avec des repères, plus ou moins militants. Le style est la conjonction du fait que l'auteur est journaliste, les faits relatés, outre l'histoire, sont vérifiés. Les phrases sont efficaces et courtes car l'auteur est bègue et se relit à haute voix. Enfin il y a le vécu de cet enfant battu , perdu, pour un père, violent, incapable et facho, qu'il décrira dans un autre livre, Enfant de salaud. On croisera un Prévert, imaginé, qui fût en vacances au moment des faits et qui en tira un poème, La chasse à l'enfant. Percutant, car aussi dur que lumineux, comment l'adversité peut abaisser mais aussi élever.