C'est toute l'histoire du pont que retrace ici Ivo Andric, depuis sa construction par le vizir Mehmed-pacha Sokolovic - enfant de Visegrad islamisé de force et qui fit en Turquie une brillante carrière -, jusqu'au bombardement qui, en 1914, détruisit pour la première fois une partie de l'édifice.
Visegrad - petit bourg de Bosnie où Ivo Andric passa une partie de son enfance - possède depuis le XVIe siècle un très beau pont de pierre blanche. C'est sur la kapia, la petite place publique ménagée en son milieu, que se concentre la vie des habitants et que se déroulent les événements les plus importants : on y empale et on y pend, on y cause entre amis, on y joue son âme aux cartes, on y lit les proclamations des maîtres successifs de la Bosnie. On y regarde défiler les armées turques puis austro-hongroises et, les drames individuels se mêlant …
C'est toute l'histoire du pont que retrace ici Ivo Andric, depuis sa construction par le vizir Mehmed-pacha Sokolovic - enfant de Visegrad islamisé de force et qui fit en Turquie une brillante carrière -, jusqu'au bombardement qui, en 1914, détruisit pour la première fois une partie de l'édifice.
Visegrad - petit bourg de Bosnie où Ivo Andric passa une partie de son enfance - possède depuis le XVIe siècle un très beau pont de pierre blanche. C'est sur la kapia, la petite place publique ménagée en son milieu, que se concentre la vie des habitants et que se déroulent les événements les plus importants : on y empale et on y pend, on y cause entre amis, on y joue son âme aux cartes, on y lit les proclamations des maîtres successifs de la Bosnie. On y regarde défiler les armées turques puis austro-hongroises et, les drames individuels se mêlant aux tragédies collectives, on y voit aussi parfois des jeunes filles se suicider pour échapper à un mariage forcé.
Car c'est toute l'histoire du pont que retrace ici Ivo Andric, depuis sa construction par le vizir Mehmed-pacha Sokolovic - enfant de Visegrad islamisé de force et qui fit en Turquie une brillante carrière -, jusqu'au bombardement qui, en 1914, détruisit pour la première fois une partie de l'édifice. Pendant plus de trois siècles en effet, résistant aux agressions de la nature et des hommes, le pont était demeuré pour tous le symbole de la continuité, symbole de " ce prodige incompréhensible " qu'est la vie, qui " s'use sans cesse et s'effrite, et pourtant dure et subsiste, inébranlable, comme le pont sur la Drina ".
Chef-d'œuvre incontestable d'Ivo Andric, ce livre avait fait l'objet d'une première traduction française en 1956, sous le titre Il est un pont sur la Drina.
Période mouvementée des vacances oblige, j'ai mis quelques semaines à lire ce beau roman d'Ivo Andrić. De la fin du XVIe siècle au début du XXe siècle, nous vivons autour d'un édifice qui constituera un « immuable » au regard de l'agitation des hommes. De son édification à ses premières blessures (en 1914), l'auteur tisse peu à peu un lien indéfectible entre le pont et les habitants de la région. Sur la kapia – petit lieu de vie aménagé au centre du pont – se posent, se croisent (ou s'ignorent) les multiples cultures qui vivent – parfois en paix, souvent en conflit – dans la région, un territoire géopolitiquement instable et complexe, balkanisé. Une œuvre à la hauteur de l'Histoire qu'elle narre avec brio.