Arsène reviewed Mon vrai nom est Elisabeth by Adèle Yon
La violence du patriarcat à travers la psychiatrie
5 étoiles
J'ignore pourquoi je me suis mis à lire ce roman (est-ce d'ailleurs un roman ?). Adèle Yon nous raconte une jeune femme, mal dans sa peau, étudiante en cours de travail sur sa thèse, mais qui fait de la boucherie industrielle ou de la cuisine... Elle a peur de devenir folle, d'autant qu'il y a des antécédents familiaux d'internement ou de suicide, de quoi s'inquiéter de ses sautes d'humeur, de sa colère que rien ne semble calmer. Du coup, après le suicide d'un membre de sa famille, elle entame une recherche sur cette arrière arrière Grand-mère qui a été internée. Et là elle commence à découvrir à travers les silences, les dires des uns et des autres, les pièces administratives ou les lettres et photos qu'il y a beaucoup de colère, de violences exercées à l'encontre de celles qui ne rentrent pas dans les cases, que la médecine psychiatrique n'a …
J'ignore pourquoi je me suis mis à lire ce roman (est-ce d'ailleurs un roman ?). Adèle Yon nous raconte une jeune femme, mal dans sa peau, étudiante en cours de travail sur sa thèse, mais qui fait de la boucherie industrielle ou de la cuisine... Elle a peur de devenir folle, d'autant qu'il y a des antécédents familiaux d'internement ou de suicide, de quoi s'inquiéter de ses sautes d'humeur, de sa colère que rien ne semble calmer. Du coup, après le suicide d'un membre de sa famille, elle entame une recherche sur cette arrière arrière Grand-mère qui a été internée. Et là elle commence à découvrir à travers les silences, les dires des uns et des autres, les pièces administratives ou les lettres et photos qu'il y a beaucoup de colère, de violences exercées à l'encontre de celles qui ne rentrent pas dans les cases, que la médecine psychiatrique n'a pas eu les mêmes objectifs ni les mêmes méthodes de traitement. Adèle Yon alterne des éléments plutôt personnels avec des courriers entre des membres de la famille qu'elle exhume, des notes administratives , des extraits d'ouvrages de médecine psychiatrique et de verbatim d'interview pour arriver à cerner cette aïeule inconnue qui a subi une lobotomie dans les années cinquante et qui a été internée par durant 17 ans. Que dire de la responsabilité de son père ou de son mari dans ce qu'elle a subi, mais que dire aussi de la complicité que ses proches ont mis en place, de l'ignorance dans laquelle tout le monde baigne. Un très beau texte.