Arsène a publié une critique de Joseph par Marie-Hélène Lafon
la vie d'un ouvrier agricole
3 étoiles
M-H Lafon nous décrit la vie de Joseph, ouvrier agricole employé dans une ferme d'Auvergne. Certes il y est question de soins aux animaux, de tracteurs, de cultures, de fromages et bien d'autres activités agricoles. Mais il ne s'agit pas de rester sur l'aspect régionaliste ni même sur une vision reconstruite d'un passé révolu d'un lien entre l'homme et la terre. Le roman décrit plutôt le lent cheminement de pensée de Joseph, son choix de rester effacé. Il vit dans la ferme avec ses patrons, un couple dont le fils doit reprendre l'exploitation plus tard. Joseph pense de manière très précise, sous forme de listes, les relations des uns et des autres, les dates, mais aussi la manière dont la patronne fait les mots croisés dans la Montagne du jour. Il raconte sa vie réglée et monotone, à quel endroit il se lave, comment la patronne lui lave son linge et comment il le range, à quelle fréquence... Et petit à petit il se raconte, son père qui avait tendance à boire, sa mère qui ira rejoindre son autre fils qui tient un commerce. Il raconte sa solitude, l'absence de relations sociales et à un moment donné sa rencontre avec une femme, Sylvie. Et sa déchéance dans l'alcool en sa compagnie. Elle semble volage et partira avec un représentant en embarquant tout dans leur appartement, y compris ce que sa mère lui avait laissé. Les cures de désintoxication qu'il suit, la perte de son permis de conduire, son isolement dans la boisson, qui lui permet de parler avec un vocabulaire recherché d'un peu de tout sans chercher d'interlocuteur. Et lors de cette dernière cure, il raconte comment un autre ouvrier agricole comme lui abusait d'un des enfants des propriétaires de l'exploitation, et qu'il n'avait pas su comment intervenir pour que cela s'arrête. M-H Lafon décrit la simplicité de la vie de cet homme au début du XXIème siècle. Il vit au jour le jour, et reste tributaire de tout ce qui l'entoure sans qu'il ne trouve la volonté de s'y soustraire ni d'influencer ce qui se passe. Il aime son travail, le soin aux bêtes, Les patrons semblent bienveillants sans plus, si le fils reprend l'exploitation, peut-être partira-t-il, il subit la vie sans y porter de jugement avec une sorte de fatalisme.