GilB a cité Citadins de demain par Claire Duvivier
Je n’aimais pas être, aux yeux de mes amis, une brave imbécile incapable de me mettre à leur place, ou à la place de quiconque. Tout comme je n’aimais pas l’obsession de Dehaven pour le sang. Tout comme je n’aimais pas le devoir qu’on me fixait de me taire, d’accepter et de cohabiter avec l’incarnation de l’inconséquence de mon père. Tout comme je n’aimais pas que ma seule porte de sortie fût de faire des enfants avec mon meilleur ami, ou un de ses cousins. Tout comme je n’aimais pas que mon amitié avec un roturier fût toujours soupçonnée d’être entachée de la même condescendance que celle dont faisait preuve mon père avec le sien. Tout comme je n’aimais pas que mon seul espoir fût de pouvoir contourner les règles juste assez pour rendre mon existence acceptable sans me faire prendre. Tout comme je n’aimais pas être incapable d’imaginer quelque autre façon de vivre. Je n’aimais rien de tout ça. Pourtant je vivais avec. Car j’étais heureuse et tout allait bien. Inspirer, expirer. Tête haute, repas du soir.
— Citadins de demain de Claire Duvivier (Page 169 - 170)
l'obsession de Dehaven pour le sang correspond à l'obsession de la noblesse de cette cité pour maintenir la "pureté" de son sang et de leurs lignées