GilB a cité Trilogie new-yorkaise par Paul Auster
Il me semble maintenant que Fanshawe a toujours été là. C’est lui le lieu où tout commence pour moi, et sans lui c’est à peine si je saurais qui je suis. Nous nous sommes connus avant de savoir parler, bébés emmaillotés de couches qui rampaient dans l’herbe, et nous n’avions pas sept ans qu’en nous piquant les doigts avec des aiguilles nous étions devenus frères de sang pour la vie. Dès que je pense à mon enfance, à présent, je vois Fanshawe. C’était lui qui était avec moi, celui qui partageait mes pensées, celui qui m’apparaissait chaque fois que j’élevais mes regards au-dessus de moi. Mais c’était il y a longtemps. Nous avons grandi, nous sommes partis pour des lieux différents, nous avons dérivé loin l’un de l’autre. Il n’y a là rien de très étrange, me semble-t-il. Nos vies nous emportent selon des modes que nous ne pouvons maîtriser, et presque rien ne nous reste. Ce presque rien meurt avec nous et la mort est quelque chose qui nous arrive chaque jour.
— Trilogie new-yorkaise de Paul Auster (Page 273)
2 premiers paragraphes de La chambre dérobée
