GilB a cité Du thé pour les fantômes par Chris Vuklisevic
« Tu as grandi avec tes deux noms, et tu t’en es choisi un. Lequel était le fleuve, lequel était la rive … Peu importe. » Je vais vous dire, moi, ce que je crois. Je crois qu’Adélaïde a tort. Devenir son ombre et son reflet, ne plus être seulement le fleuve, mais la rive qui le canalise, et la mer où il mène… ça n’arrive pas dans un fracas, ce n’est pas un barrage qui cède et qui emporte tout. C’est patiemment, avec un dé à coudre, ajouter au fleuve son eau jusqu’à qu’il déborde, sans éclat, sans évènement, et qu’un jour les cartes n’affichent plus qu’un océan, comme s’il avait toujours été là. Un outrenom, on l’apprivoise petit à petit. On apprend à vivre avec son ombre et avec sa lumière, et à puiser à ses deux sources. Découvrir son outrenom, c’est une chose. Mais il ne suffit pas de savoir ce qu’on est pour le devenir.
— Du thé pour les fantômes de Chris Vuklisevic (Page 370)