GilB a cité La messagère par Thomas Wharton
J’en ai vu un. Ça a commencé par un bourdonnement grave sans source apparente. Avec quelque chose de métallique, genre rasoir électrique, et ça venait de partout. Ma tête s’est mise à tournoyer lentement, j’ai dû m’agenouiller sur la chaussée. Et puis autre chose, un manque, un vide, je sais pas trop. Possible que je sois tombé dans les pommes un instant. Tout de suite après il était là, sur la route. Il avançait vers moi d’un pas lent mais je distinguais mal sa silhouette parce que le soir tombait, et le peu de lumière qui restait l’éclairait à contre-jour. Mais j’ai reconnu sa démarche. Il venait me chercher à la fin du jour, voir ce que j’étais en train de faire et me ramener à la maison, main dans la main comme avant. J’étais tellement sure que c’était lui, j’ai failli crier son nom. C’était pas lui, comme de raison. Après il s’est dissipé. Ça s’est dissipé. Volatilisé, comme ces choses-là savent le faire. Je m’ennuie de lui. Ils me manquent tous. Ça ne m’arrive pas très souvent mais ça guette toujours. Certains jours, ça me rattrape.
— La messagère de Thomas Wharton (Page 230)
Carnet imperméable nº25