Ce même jour, en moyenne, plus de 200 personnes sont blessées par balle, soit un total de 80 000 blessés et 40 000 morts, soit 120 000 appels d’ambulances et entrées aux urgences sur chaque période de douze mois, mais le taux de violence par arme à feu va bien au-delà des corps des victimes ensanglantés, criblés de balles, et se répand en dévastations causées dans les familles proches et lointaines, parmi les amis, les collègues, les voisins, les personnes fréquentant leur école, leur église, les membres de leur équipe de softball, enfin dans la communauté tout entière, pour former un bataillon fourni de vies affectées par la présence d’une seule personne vivant ou ayant vécu en son sein, ce qui signifie que le nombre d’Américains frappés chaque année, de manière directe ou indirecte, par la violence par balles se compte par millions.

— Pays de sang de Paul Auster, Spencer Ostrander (Page 68)