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Condé Maryse: Moi, Tituba sorcière… (French language, 1986, Mercure de France) Aucune note

«Abena, ma mère, un marin anglais la viola sur le pont du Christ the King …

J’ai enfin lu ce livre dont la réputation n’est pas usurpée. Il dresse un portrait vivant et émouvant d’une femme, actrice d’un des évènements fondateurs des États Unis d’Amérique, mais que les historiens ont longtemps ignorée, parce qu’elle était femme, noire et esclave. En l’absence de sources, Maryse Condé donne chair à Tituba en imaginant son enfance, son caractère, et nous offre un beau portrait de sorcière.

C’est un livre riche, qui évoque naturellement la condition des femmes, et la double peine d’être et Noire et femme. Mais rappelle également que l’antisémitisme est un vieux mal européen que les colons n’ont pas abandonné en traversant l’Océan.

J’ai pu lire que cette chasse aux sorcières avait en partie vacciné le pays contre les excès du puritanisme. Je trouve au contraire qu’elle est symptomatique de la matrice d’où est né l’empire étasunien. Ça en fait une lecture intemporelle, tant pour sa description de la cruauté de l’âme humaine que pour son ode à la force des sorcières.