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A rejoint ce serveur il y a 1 année, 3 mois

Vieux geek aigri, je cherche dans les livres à comprendre les humains et des graines de futurs un peu plus désirables. Mes goûts me poussent essentiellement vers les récits contemporains et l’anticipation.

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Livres de Clochix

Gaëlle Josse: La Nuit des pères (French language, 2022, Les Éditions Noir sur Blanc) Aucune note

« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon …

J’ai eu cette affiche sous les yeux pendant des années, je l’avais récupérée au collège, elle avait fait son temps je suppose, la responsable du CDI s’apprêtait à la jeter. J’avais tournicoté un moment autour de la corbeille en louchant sur la photo, je n’osais pas demander. Si elle te plaît tu peux la prendre. J’avais rougi en disant merci. (…) La responsable du CDI l’avait prestement enroulée et attachée avec un élastique. Tiens. On ne sait jamais ce que l’on donne. C’est cette photo qui m’a donné envie de faire des films. (…)

La Nuit des pères by  (Page 56)

Dédicace aux profdocs ;-)

Dima Abdallah: Mauvaises herbes (French language, 2020, Sabine Wespieser Éditeur) Aucune note

Dehors, le bruit des tirs s'intensifie. Rassemblés dans la cour de l'école, les élèves attendent …

Coup de cœur inattendu pour ce livre découvert par hasard. Une histoire à deux voix, sur 40 ans, d’amour entre une fille et son père. Deux mauvaises herbes qui poussent librement, hors des sentiers battus, s’aiment à distance mais sont incapables de se le dire. Avec en toile de fond la tragédie libanaise. Pourtant d’ordinaire je ne suis guère amateur de ce genre de récits introspectifs, où le je rythme chaque phrase. Mais je me suis laissé prendre à la plume sensible, poétique, de Dima Abdallah, à ses phrases qui disent l’amour impossible à exprimer, la détresse, l’exil sur une autre terre ou sur sa propre terre assassinée. Les cafés, les cigarettes et les plantes qu’on s’obstine à soigner sur un balcon. Une très belle découverte.

Emily St. John Mandel: La Mer de la tranquillité (EBook, français language, 2023, Rivages) 4 étoiles

Emily St. John Mandel renouvelle le thème classique du voyage dans le temps à sa …

Comme à chaque fois que j’ai trop attendu de lire un livre, je ressors de cette Mer de la Tranquillité un peu déçu. C’est très bien mais pas tout à fait ce que j’attendais. J’avais adoré l’Hôtel de verre, et avais cru comprendre que ce nouveau roman mettait en scène certains de ses personnages. C’est vrai, mais ce ne sont que des caméos, des clins d’œil, qui n’enrichissent pas vraiment l’histoire précédente, comme je l’avais espéré. Reste une histoire de voyages dans le temps, avec ses indispensables paradoxes, qui ne m’a pas complètement convaincu, des personnages que j’ai trouvés moins attachants que dans les précédents romans de l’autrice, mais heureusement toujours son talent de conteuse. Une expérience en demi-teinte, mais bien agréable.

Han Kang: Impossibles adieux (Paperback, français language, 2023, Grasset) Aucune note

Comme un long songe d'hiver, ce nouveau roman de Han Kang nous fait voyager entre …

Étrange livre. C’est lent, c’est long, plein de digressions, et j’ai plusieurs fois eu envie d’abandonner la lecture. Mais quelque chose dans le ton m’en a retenu. C’est comme un songe, flou, poétique, et en le refermant je ne sais pas qu’en penser. Au moins m’a-t-il donné envie de me pencher sur l’histoire de la Corée, dont je ne connaissais que la guerre puis l’essor économique. J’ai découvert les dictatures et les successions de massacres, mis à jour récemment, de centaines de milliers de civils soupçonnés de sympathies rouges. Pour cela au moins, pour l’évocation de la mémoire des gens dont le massacre a été tu pendant des décennies, ce livre est important.

Zerocalcare, Zerocalcare, Brune Seban (traductrice): No sleep till Shengal (GraphicNovel, French language, 2023, Cambourakis) 5 étoiles

Après Kobané, où il est allé en 2014 et où il a pu rencontrer l'armée …

Nouveau voyage de Zerocalcare pour essayer de mettre en lumière des gens qui luttent pour vivre, dans l’espoir que son témoignage les aide à ne pas se faire massacrer. Dans le nord de l’Irak vivent les Yézidis. Victimes d’un génocide par Daesh en 2014, les survivant·es essaient de créer une zone autonome. Évidemment, cette expérience démocratique ne plaît pas à toutes les autres puissances de la zone. On retrouve ici le ton, l’honnêteté du Zérocalcare de Kobané Calling, dans un registre un peu plus sombre si c’est possible, puisqu’il revient sur les massacres de 2014. Encore un album à lire, pour que cette belle expérience démocratique en cours ne sombre pas dans l’oubli, pour qu’elle ne se fasse pas éradiquer dans l’indifférence générale.

Jérémie Moreau: Les Pizzlys (GraphicNovel, French language, 2022, Delcourt) 5 étoiles

[Résumé éditeur] Sur fond d'Anthropocène et d'humanité aliénée par ses GPS, Jérémie Moreau fait voyager …

Un rendez-vous manqué. C’est une jolie histoire, trois jeunes quittent Paris pour l’Alaska et découvrent qu’il existe d’autres manières d’habiter le monde, qu’il est possible d’imaginer un futur qui ne soit pas la catastrophe annoncée. J’ai trouvé certaines planches très jolies. Mais malheureusement je n’ai pas accroché au style graphique de l’auteur, et n’ai pas réussi à lâcher prise pour accepter le caractère onirique du voyage. C’est dommage, il faudra peut-être que je le relise dans un autre contexte.

finished reading Maus by Art Spiegelman

Art Spiegelman, Judith Ertel: Maus (GraphicNovel, French language, 2019, Flammarion) Aucune note

«Art Spiegelman est le fils d’un des survivants des ghettos polonais. Né à Stockholm en …

Je remercie Donald Trump d’avoir interdit cet ouvrage, ça m’a donné l’occasion de le relire et de m’apercevoir que le souvenir que j’en avais était très déformé.

Et puis… Il y a 40 ans, à sa sortie, ce livre était un devoir de mémoire, un témoignage pour ne pas oublier les victimes de la barbarie humaine. J’ai l’impression qu’il prend aujourd’hui un second sens, celui d’un avertissement par rapport à ce qui nous pend au nez. Raison de plus pour lire et relire Maus…

Christopher Frank: Mortelle (French language, 1983) Aucune note

Dans une société où toutes les maisons sont de verre, et dont les règles ne …

Dans Panorama, Lilia Hassaine imaginait des maisons aux murs transparents. Ça m’a rappelé ce court roman lu à l’adolescence. Étonnamment, il a survécu à tous mes déménagements et j’ai réussi à le retrouver. Mais dès la page de garde, le malaise s’est installé : la phrase en exergue est de Ayn Rand. Et effectivement, cette dystopie est une charge violente contre les dérives potentielles des idéologies plaçant le collectif au dessus de l’individu. Jusqu’à la caricature. Ainsi dans son enfance le héros a été puni car il a été deux mois de suite premier de sa classe, témoignant d’un esprit de compétition. D’un point de vue littéraire, ce court texte est une réussite, réussissant avec une économie de mots à créer un univers totalitaire glaçant. Mais d’un point de vue politique, c’est une apologie de l’individualisme.

Encore un livre lu trop jeune pour en comprendre les implications, et qui a …

finished reading Panorama by Lilia Hassaine

Lilia Hassaine: Panorama (French language, 2023, Éditions Gallimard) Aucune note

"C'était il y a tout juste un an. Une famille a disparu, là où personne …

Encore une dystopie se déroulant dans un futur proche, ici la france de 2050. Pour assurer la sécurité de la société, la transparence est de mise. Les bons citoyens vivent dans des maisons de verre, afin que chacun puisse veiller sur ses voisins. Les rares crimes sons punis par des tribunaux populaires et des votes sur Internet. L’idée est intéressante, mais je n’ai pas accroché à la réalisation. Le roman prend la forme du journal d’une policière, chargée d’enquêter sur la disparition d’une famille. Ça permet de rendre l’univers crédible, mais, toute l’histoire étant racontée de la plume de la protagoniste, le style est assez plat et on n’échappe pas à ses réflexions pleines de clichés. Quant à l’intrigue, je ne l’ai pas trouvée très originale. Bref, une petite déception par rapport aux critiques que j’avais lues à l’époque de la publication de cet ouvrage.

Hester Fox, Élisabeth Luc (traduction): La berceuse des sorcières (French language, 2023, Faubourg Marigny) Aucune note

Deux femmes. Une histoire de sorcellerie. Et un pouvoir féminin profondément enraciné qui résonne à …

Une lecture agréable et rapide, qui me laisse un sentiment mitigé. Un dénouement trop rapide qui m’a laissé sur ma faim. Des personnages à la psychologie peu creusée… Est-ce un récit d’émancipation teinté de romance, ou une romance utilisant la figure de la sorcière pour se donner un vernis féministe ? Bon, je ne vais pas bouder mon plaisir, malgré des réserves c’est un texte qui a fait agréablement passer le temps quelques heures durant.

Michèle Valencia, Dorothy Allison: L'histoire de Bone (French language, 1999, 10-18) Aucune note

En Caroline du Sud, les étés sont étouffants. Les soirées se passent sur la véranda, …

Le titre original, « Une bâtarde de Caroline », est peut-être plus parlant. Histoire d’une enfance dans une famille blanche pauvre dans le sud des États-Unis d’Amérique, dans les années 50. « White trash ». Entre souvenirs d’enfance. Famille nombreuse, non conventionnelle mais aimante. Une ribambelle de tantes et d’oncles, de cousins. Et un beau-père, violent et incestueux (TW : scènes d’agressions sexuelles et de viol). Bone, mais aussi sa mère et ses tantes, sont particulièrement attachantes. Ce récit, manifestement autobiographique, m’a touché.

finished reading Mauvais Œil by Etaf Rum

Etaf Rum, Diniz Galhos (traduction): Mauvais Œil (French language, 2025, Éditions de l'Observatoire) Aucune note

Lorsque le proviseur de la fac où Yara travaille la convoque pour faute disciplinaire, c'est …

Dans son deuxième roman, Etaf Rum continue à raconter la vie des femmes d’origine palestinienne vivant aux États Unis d’Amérique. Elle s’intéresse ici à la génération suivante, celle née en Amérique et qui a eu accès à des études supérieures. J’ai bien aimé ce récit, mais l’ai trouvé un cran en dessous du Silence d’Isra. Il se concentre sur un seul personnage, Yara, et sur la transmission des traumatismes de génération en génération. J’avoue avoir parfois trouvé le temps un peu long, 400 pages à suivre l’évolution des états d’âme de l’héroïne et le délitement de son mariage. Heureusement, Etaf Rum a une jolie plume, et sait rendre Yara attachante. Une lecture bien agréable.

Zerocalcare, Brune Seban (traductrice): Kobané calling (GraphicNovel, French language, 2019, Cambourakis) Aucune note

Envoyé par l’Internationale (le Courrier international italien), Zerocalcare part aux confins de la Turquie, de …

C’est un carnet de voyage Gonzo à la découverte des combattantes kurdes en lutte contre Daech. Gonzo parce que l’auteur passe autant de temps à papoter avec son ami imaginaire et à se plaindre de la bouffe qu’à décrire son voyage. Si ça m’a un peu agacé au début, je me suis rapidement laissé prendre au ton, et surtout à l’honnêteté de Zerocalcare. En ne masquant rien de ses doutes et de ses difficultés, il livre un récit à hauteur humaine, dans lequel on peut facilement se glisser. Attention, les deux voyages évoqués ici datent de 2014 et 2016, la situation a beaucoup évolué depuis. Je regrette de ne pas avoir lu cet album plus tôt. Même si je suis de loin la belle aventure du Rojava, je gardais une certaine méfiance vis à vis du PKK, ses apparitions dans les manifs parisiennes m’en ayant laissé une image de secte …

Aude Mermilliod: Les Reflets changeants (GraphicNovel, French language, 2017, Le Lombard) Aucune note

Elsa, 22 ans, rêve d'amours simples et heureuses. Jean, 53 ans, rêve d'évasion et d'amarres …

J’aime décidément bien Aude Mermilliod. Tant son trait que sa tendresse pour ses personnages. Les reflets changeants met en scène quelques tranches de vie d’Elsa, une jeune femme amoureuse, Jean, fringant quinqua fou de sa fille, et Émile, vieux pied-noir à la santé déclinante. L’espace de quelques jours, leurs routes se croisent sur les bords de la méditerranée. Trois personnages complexes et touchants, et un album plein de soleil.

Romain Renard: Revoir Comanche (GraphicNovel, French language, 2024, Le Lombard) 5 étoiles

Quelque part au fin fond de la Californie, au début du XXe siècle, Cole Hupp …

Je me souviens de cette série dans le journal de Tintin des années 70, Red Dust, le cowboy et Comanche, la jolie propriétaire de ranch qui n’avait pas froid aux yeux. 50 ans ont passé depuis mon enfance, et 50 ans plus tard le « far west » a laissé place à la grande dépression, et Red Dust accuse le poids de ses 80 ans. J’ai beaucoup aimé l’ambiance crépusculaire de cet album, les dessins sombres, le héros fatigué, fragile, hanté par ses fantômes. Malheureusement, je n’ai plus qu’un très vague souvenir de la série originale, donc l’évocation des anciens personnages n’a éveillé en moi aucune nostalgie. Et le dénouement m’a un peu laissé sur ma faim. Dommage, la réputation qui précédait l’album et l’ambiance des premières planches m’avaient fait espérer autre chose.