Profil

Clochix Compte verrouillé

clochix@bouquins.zbeul.fr

A rejoint ce serveur il y a 2 années

Vieux geek aigri, je cherche dans les livres à comprendre les humains et des graines de futurs un peu plus désirables. Mes goûts me poussent essentiellement vers les récits contemporains et l’anticipation.

Ce lien ouvre une nouvelle fenêtre

Livres de Clochix

Jul Maroh: Le bleu est une couleur chaude (GraphicNovel, French language, 2010, Glénat Éditions)

La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux …

Je m’en veux d’être passé si longtemps à côté de cet album et de la découvrir si tard. Son succès est amplement mérité. Histoire d’émancipation et d’amour, fin tragique, dessin agréable, j’ai eu un coup de cœur pour l’histoire et ses héroïnes.

Oya Baydar, Valérie Gay-Aksoy (traduction): Ne reste que des cendres (French language, 2015, Phébus) Aucune note

Ne reste que des cendres. Des cendres chaudes, brûlantes, des poussières incandescentes au goût âcre …

Un pavé qui m’a occupé plus d’une semaine, mais ça en valait le coup ! À travers l’histoire parallèle de deux amants très différents, on plonge dans l’histoire politique agitée de la Turquie des années 60 aux années 90. Ülkü est une femme entière déterminée. Engagée dans les mouvements révolutionnaires marxistes, elle devra s’exiler à Moscou, dans les dernières années de l’URSS, puis à Paris. Arin, descendant d’une famille aristocratique, a suivi la voie tracée pour lui, s’élevant dans les sphères du pouvoir. Ce livre est à la fois une introduction à l’histoire récente de la Turquie, une réflexion sur l’engagement, les désillusions, et le passage du temps. Plusieurs niveaux se mélangent. Autour du couple principal se déploient de nombreux personnages que l’on a le temps d’apprécier. J’ai beaucoup aimé cette lecture. Attention : mention de torture et de violences sexuelles.

Claire Touzard: Folie et résistance (French language, 2025, Divergences) Aucune note

Claire Touzard a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire au moment où son engagement politique allait …

Nous sommes aussi dans une ère de chocs brutaux, et comme l’a écrit Naomi Klein dans La stratégie du choc, les dirigeant·es se servent de notre paralysie, face à ces chocs, pour infléchir la marche du monde. Il est évident aujourd’hui que l’afflux constant d’informations, non maîtrisé, nous pousse à adopter des comportements paradoxaux ; à la fois sur-stimulé·es, nous nous indignons en permanence, nous sommes sur-connecté·es à l’actualité. Cet état de stress, d’agitation, de colère sans cesse renouvelé nous maintient captif·ves – trop occupé·es à sauter sur chaque nouvelle, traversant un ascenseur émotionnel constant, nous oublions de vivre ou de prendre du recul, pour nous organiser et trouver des solutions. Cette agitation frénétique nous paraît être du militantisme, alors qu’elle nous empêche de faire émerger des pensées de fond. Elle a un impact prouvé, sur notre perte d’attention, d’envie, et génère des dépressions graves. Et pire encore, nos émotions génèrent un flux qui alimente la machine capitaliste.

Folie et résistance de  (Page 92 - 93)

Ça n’est pas le passage le plus intéressant du livre, mais c’est très adapté aux temps que nous vivons.

Anne Damour (Traduction), Yaa Gyasi: Sublime royaume (French language, 2020, Calmann-Lévy) Aucune note

"Maman je t’en supplie, dis-je en twi. Je te supplie d’arrêter. Je te supplie de …

J’ai eu un peu de mal à pénétrer dans ce royaume. D’abord parce qu’il est très différent du premier roman de Yaa Gyasi, que j’avais adoré. Là où No Home enchaînait des portraits en quelques dizaines de pages, Sublime royaume est plus lent (trop ?). Ensuite, parce qu’il reprend des thèmes d’autres livres lus ces dernières semaines (femme d’Afrique de l’Ouest émigrée aux États-Unis, relation entre une femme et sa mère, addiction aux opioïdes…), et j’ai ressenti une certaine lassitude. Enfin, parce que Gifty, l’héroïne, passe beaucoup de temps à réfléchir à son rapport à la religion, pas trop mon truc. Au final, je n’étais probablement pas dans de bonnes dispositions pour apprécier ce livre, mais ça a été une lecture agréable, avec d’intéressantes réflexions sur les rapports entre science et religion, et sur les possibilités des neurosciences. Attention, Gifty fait des recherche sur le cerveau en pratiquant des expériences …

Benjamin Adam, Claire Alet: Capital et Idéologie en bande dessinée (GraphicNovel, French language, 2022, Seuil) Aucune note

D’où viennent les inégalités et pourquoi perdurent-elles ? Pour répondre à ces questions, le livre …

Résumer en une BD de 150 page une somme de plus de 1000 est une mission impossible, j’étais curieux de voir comment Claire Alet avait relevé le défi. Je n’ai pas vraiment été convaincu par le choix scénaristique, évoquer 250 ans d’évolution du capitalisme à travers une famille française, mais j’ai trouvé cet album pédagogique et plaisant. Comme je pars de zéro en sciences économiques, j’ai appris plein de choses. Par contre, les quelques propositions de Piketty qui concluent l’ouvrage sont désespérément réformistes et très loin de ma formation à base de réquisition des moyens de production. J’aime bien les formats comme celui-ci, inspiré de la revue dessinée, qui arrivent à expliquer quelques concepts tout en restant accessibles.

Nastassja Martin: À l'est des rêves (French language, 2022, La Découverte) Aucune note

Après avoir travaillé en Alaska avec le peuple Gwich'in, Nastassja Martin a franchi le détroit …

Je découvre sur la notice de la médiathèque que ce livre est pour un « public motivé ». Effectivement, je n’ai aucune notion d’anthropologie, et il m’a fallu de la motivation, car le texte alterne descriptions de terrain et réflexions théoriques faisant appel à nombre de notions qui me sont inconnues. Mais malgré la difficulté, j’ai trouvé cette lecture passionnante. Je m’attendais à un manuel de retour à la nature, à une existence de chasse et de cueillette, mais ça n’est pas vraiment ça. À travers la vie de quelques individus, et leur expérience singulière, Nastassja Martin évoque également nos relations avec les autres espèces, via l’animisme. Et la difficile adaptation à un monde en train de s’effondrer, alors que nous avons perdu une bonne partie de notre mémoire. Ce fut une lecture ardue mais vraiment stimulante, qui fait évoluer mon regard.

a terminé la lecture de Effondrement système par Martha Wells (Journal d'un AssaSynth, #7)

Martha Wells, Mathilde Montier (traduction): Effondrement système (French language, 2025, Atalante) Aucune note

Je m'énerve quand les humains ne valorisent pas mon travail, mais un excès de reconnaissance …

Attention, ce septième tome des aventures d’AssaSynth se situe dans la continuité du cinquième. L’inconvénient est qu’il en reprend beaucoup d’éléments que j’avais oubliés, mais ça n’empêche pas vraiment de comprendre l’intrigue, assez mince. Je trouve que c’est un tome un peu superflu, on commence à tourner en rond. L’élément intéressant de ce nouvel opus est que suite à ses aventures précédentes sur la planète, l’AssaSynth souffre de stress post-traumatique. À part ça, une peu de baston vite expédiée, des piques échangées avec EVE… Une lecture que j’oublierais sans doute rapidement mais qui était bienvenue pour me changer un peu les idées.

Chimamanda Ngozi Adichie, Blandine Longre (traduction): L'inventaire des rêves (French language, 2025, Éditions Gallimard) Aucune note

L'inventaire des rêves, c'est avant tout la naissance de quatre grandes héroïnes, quatre femmes puissantes …

Je sors de ce roman un peu déçu, au regard de mes précédentes lectures de Chimamanda Ngozi Adichie et des critiques enthousiastes que ce bouquin a reçues, je m’attendais à autre chose. Elle dresse ici successivement l’inventaire des rêves de quatre femmes, mais je n’ai pas réussi à m’intéresser aux deux premières. Chia est une riche héritière nigériane vivant aux États-Unis, passant sa vie à voyager en rêvant du grand amour et de devenir écrivaine. Le récit de ses amours m’a vite lassé et j’ai failli laisser tomber le livre. Son amie Zikora est une brillante avocate, en proie aux injonctions sociales à se marier et devenir mère, mais son histoire est balayée assez rapidement. Heureusement, les deux derniers portraits m’ont semblé beaucoup plus intéressants. Avec le personnage de Kadiatou, Adichie veut rendre justice à Nafissatou Diallo, en inventant sa vie avant et après son viol dans une chambre d’hôtel, …

Emmanuel Guibert, Alan Ingram Cope: La Guerre d'Alan : l’intégrale (GraphicNovel, French language, 2009, L'Association) Aucune note

Quand j'ai eu dix-huit ans, Uncle Sam m'a dit qu'il aimerait bien mettre un uniforme …

Un album découvert grâce aux Ignorants de Davodeau et que j’ai trouvé intéressant d’un point de vue sociologique et artistique. La seconde guerre mondiale et l’après-guerre vues par les yeux d’un troufion étasunien ordinaire, qui n’a pratiquement pas tiré un coup de feu de tout le conflit. Les longs mois d’instruction, les pérégrinations entre les Étas-Unis et l’Europe, les rencontres. Il ne se passe pas grand chose, une vie ordinaire. Je me suis parfois ennuyé, parfois été touché, et finalement, je crois que j’ai apprécié ce récit de la « grande histoire » à travers les yeux d’un gens qui l’a vécue.

Philippe Bihouix, Vincent Perriot: Ressources : Un défi pour l'humanité (GraphicNovel, French language, 2024, Casterman)

Quel avenir pour notre planète ? À en croire les milliardaires de la Silicon Valley, …

Un album que je n’ai malheureusement pas trouvé très convainquant. Je suis persuadé depuis longtemps de la nécessité d’une décroissance et espérais trouver ici des arguments allant en ce sens. Mais je suis sorti de ma lecture avec davantage de doutes. Ce qui finalement n’est pas plus mal ;-) Le livre présente différentes écoles de pensée, une histoire de l’utilisation des ressources, et est de ce point de vue intéressant. Mais le sujet est tellement vaste qu’il est difficile d’en faire le tour en si peu de pages, et j’ai trouvé que les divers points de vue manquaient d’argumentation. Un peu frustrant par rapport à ce que j’en attendais, mais ça apporte malgré tout beaucoup d’informations et des pistes à creuser. Côté dessins, Vincent Perriot se fait plaisir, avec notamment des hommages à Mœbius, et c’est agréable. Je ne sorti de cette lecture un peu frustré, mais en la laissant …

Pascal Rabaté: Sous les galets la plage (GraphicNovel, French language, 2021, Rue de Sèvres) Aucune note

"Loctudy, septembre 1963, la station balnéaire se vide de ses derniers résidents estivaux. Seuls Albert, …

Difficile de parler de cette BD sans divulgâcher l’intrigue. Disons que c’est une jolie histoire d’amour et d’émancipation dans la france des années 60, sous le patronage de Marius Jacob ;-) Le dessin un peu désuet rend parfaitement compte de l’ambiance de l’époque et accompagne avec délicatesse les premiers émois. J’ai bien aimé.

Barbara Kingsolver, Martine Aubert (traduction): On m'appelle Demon Copperhead (French language, 2024, Albin Michel) Aucune note

« Déjà, je me suis mis au monde tout seul. Ils étaient trois ou quatre …

J’ai longtemps hésité à ouvrir ce roman : je garde un mauvais souvenir des passages de David Copperfield lus lorsque j’étais môme et craignais un récit où le sort ne cessait de s’acharner sur un mômr. Mais on est chez Barbara Kingsolver, et quels que soient les coups que prennent ses personnages, l’espoir n’est jamais loin, généralement sous la forme de gens qui redonnent foi en l’humanité. Ça n’est pas mon livre préféré de BK, simple affaire de goût, mais c’est un grand roman, dont je recommande vivement la lecture, ne serait-ce que pour mieux comprendre le pays qui a ces dernières années largement soutenu Trump. À son habitude, BK nous emmène chez les Rednecks, les péquenauds, les gens à qui on a tout volé et que tout le monde méprise, qui tombent comme des mouches mais réussissent malgré tout à survivre. En toile de fond, le scandale des opioïdes, …

Chimamanda Ngozi Adichie, Mona de Pracontal (traduction): L'hibiscus pourpre (French language, 2016, Folio) Aucune note

«À la maison la débâcle a commencé lorsque Jaja, mon frère, n'est pas allé communier …

Le premier livre de Chimamanda Ngozi Adichie un texte riche. C’est un roman d’initiation, où deux ados, sœur et frère, découvrent qu’il existe un autre monde que celui de leur père, chrétien intégriste. C’est une dénonciation du fondamentalisme religieux (mais pas de la religion, omniprésente). Et un tableau de la vie au Nigéria dans les années 90, entre coups d’état à répétition et débrouille pour survivre. Les personnages sont complexes et attachantes, l’écriture pleine de vie, j’ai beaucoup aimé !

(attention : mentions de violences sur des enfants)

avatar for clochix Clochix a partagé

a publié une critique de Autobiographie d'un poulpe : et autres récits d'anticipation par Vinciane Despret (Nature Mondes sauvages)

Vinciane Despret: Autobiographie d'un poulpe : et autres récits d'anticipation (Paperback, French language, 2021, Actes Sud)

Connaissez-vous la poésie vibratoire des araignées ? l’architecture sacrée des wombats ? les aphorismes éphémères …

Autobiographie d'un poulpe et autres récits d'anticipation

Un court livre, lu suite au partage de lecture de @Armavica@bookwyrm.social.

Il m'a tour à tour passionné, dérouté, stimulé, interrogé... Sa restitution elle-même est difficile, car c'est un livre qui investit un registre un peu à part, défiant diverses catégories pré-établies, y compris littéraires, jouant entre fiction, science et science-fiction. Cela donne donc une lecture qui perturbe les réflexes et les grilles préalablement intériorisées par les lecteurices pour appréhender un texte qui mêle, voire défie, les genres.

Face à un tel format, j'ai d'abord trouvé aussi fascinante que stimulante la démarche entreprise par l'autrice : une esquisse, en mobilisant un soubassement imaginaire, de désanthropisation du regard scientifique, questionnant les réflexes intériorisés, mais aussi les méthodes qui fondent la scientificité contemporaine. Le texte surfe en quelque sorte sur une ligne de crête. D'une part, on assiste à une déstabilisation/remise en cause de catégories et un renouvellement de méthodes, …

Fernanda Melchor, Laura Alcoba (traduction): La saison des ouragans (French language, 2019, Grasset) Aucune note

Inspiré d’un fait divers, La saison des ouragans s’ouvre sur la découverte d’un cadavre. Dans …

Un texte qui m’a fait penser à Le Tiers Pays, de Karina Sainz Borgo. Un lieu similaire, quelque part en Amérique Latine, ici probablement le Mexique. Et une violence omniprésente, éprouvante, tant physique que symbolique. C’est une lecture dure, tant sur le fond que la forme. Pour éclairer un meurtre, on découvre successivement plusieurs des protagonistes au cours d’interminables monologues, sur des pages et des pages qui nous font plonger sans respiration dans ce que l’humanité a de plus sordide. Malgré sa dureté, j’ai apprécié cette lecture, je me suis laissé prendre au style et j’ai serré les dents. La fameuse beauté des chants désespérés. Mais je ne la recommanderais pas à tout le monde.