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a publié une critique de Le test de féminité dans les compétitions sportives par Anaïs Bohuon (Xx-y-z)

Anaïs Bohuon: Le test de féminité dans les compétitions sportives (French language, 2012, Éditions iXe) 5 étoiles

Une critique du sexe/genre à travers les compétitions sportives… et une critique du sport?

5 étoiles

Mettre fin au système de genre d’accord, mais quoi faire de la bicatégorisation genrée dans le sport? Une question qui peut sembler difficile au premier abord, tant ce sujet est souvent un angle mort du féminisme et même du transféminisme.

Dès l’introduction, l’évidente naturalité de la différence des sexes est remise en question avec efficacité. Le livre explique comment le sport est vu comme une chose qui masculinise, comment les JO sont un terrain d’affrontement est-ouest (avec les tests de féminité qui ont visé les femmes «masculines» du bloc de l’est) puis nord-sud (avec les tests de féminités qui visent les femmes «masculines» notamment noires), et ultimement l’échec du CIO à définir ce qu’est la féminité, avec les différents critères arbitraires (dépendant de la perception et de la science autour de la notion de sexe de chaque époque) et «tests» extrêmement intrusifs qui ont été pratiqués (et qui ont brisé des carrières par traumatisme ou élimination). En résumé, le genre est en terrain d’affrontement impérialiste, via le racisme, quitte à écraser les réalités trans et intersexes.

Comment répondre à la question de départ? Pour certains sports, la séparation selon le genre ne fait pas de sens et ont été faites pour protéger le mythe de la masculinité toujours supérieure. Dans certains sports, des distinctions se font déjà par catégorie de poids. Il y a plein de façons de rendre le sport plus équitable sans se baser sur le genre réel ou supposé.

Mais pour moi, s’arrêter à critiquer le genre serait une grave erreur. Il s’agit de remettre en question le modèle des JO et de la compétition sportive. De se poser la question du monde qu’on promeut avec les JO, quand on voit que ça a été un peu outil de propagande de l’Allemagne nazie en 1936. De se demander si ce qu’on veut mettre en avant et célébrer, c’est la performance sportive individuelle (et, il faut le dire, de la chance au niveau de la génétique) et la compétition entre États-Nation réifiés comme seul modalité de réunion des peuples.