Retour
Emma Goldman: L'anarchisme : ce dont il s'agit vraiment (Paperback, Français language, 2022, Payot) Aucune note

Importance des minorités pour faire société, émancipation des femmes, critique de la propriété privée et …

Ça n’explique pas vraiment ce dont il s’agit

Aucune note

Ce livre fait partie des livres dont l’intérêt est plutôt historique et philosophique que pratique ou théorique. Je ne le conseille pas vraiment, c’est une compilation de textes d’Emma Goldman (précédée par une courte biographie de sa vie), je pense rien qui ne peut se résumer en quelques citations et commentaires:

Je dirais que l’anarchisme étant une philosophie de la vie, son but est d’établir une société dans laquelle le monde intérieur de l’individu et les conditions qui l’entourent peuvent se fondre harmonieusement afin qu’il puisse utiliser tous les éléments capables d’améliorer et de rendre plus belle la vie autour de lui.

Ça ça me parle beaucoup, à un niveau spirituel.

Pauvre nature humaine, que d’horribles crimes commis en ton nom! Tous les bouffons, du roi au policier, de la personne ayant l’esprit le plus étroit à l’apprenti scientifique sans vision, tous parlent avec autorité de la nature humaine. Plus grand est le charlatan de l’esprit, plus sont affirmées la méchanceté et la faiblesse de la nature humaine. Mais alors que chaque esprit est emprisonné, que tous les cœurs sont entravés, blessés, mutilés, comment quiconque pourrait-il parler justement de la «nature humaine»? John Burroughs a établi que l’étude expérimentale d’animaux en captivité était absolument inutile. Le caractère, les habitudes, l’appétit des animaux subissent une complète transformation lorsque ces êtres sont arrachés à leur habitat naturel. Alors que la nature humaine est emprisonnée dans un espace exigu, dressée par le fouet à la soumission, comment pouvons-nous parler de ses potentialités?

Ici ça critique dur l’essentialisme.

Si je devais résumer en un mot la tendance de notre époque, je dirais: la quantité. La multitude et l’esprit de masse dominent partout, détruisant la qualité. Notre vie entière — la production, la politique et l’éducation — repose sur la quantité, sur les nombres. Le travailleur qui tirait fierté de la minutie et de la qualité de travail a été remplacé par des automates incompétents et écervelés qui produisent des choses en quantité astronomique, sans valeur pour eux-mêmes, et en général nuisibles pour le reste de l’humanité. Ainsi, la quantité, au lieu d’ajouter confort et paix à nos vies, a simplement alourdi le fardeau des hommes.

Je trouve qu’on peut y voir un parallèle avec les IA, la technologie est façonnée par le système politico-économique… Bon parfois je trouve son avis plus douteux. Dans la partie qui rapporte son texte de 1940, intitulé “L’individu, la société, l’État“:

La démocratie et le gouvernement parlementaire sont-ils préférables au fascisme, d’une espèce ou d’une autre – la dictature monarchique, bourgeoise, prolétarienne –, pour guérir les maux et les difficultés qui assaillent la société aujourd’hui?

En tout cas, on comprend bien que ça vise les communistes. Puis une page plus loin, on a un moment Tatcher (qui pour moi explique beaucoup le glissement possible entre anarchisme et libertarianisme):

L’individu est la véritable réalité de la vie. Univers en soi, il n’existe pas pour l’État, pas plus qu’il n’existe pour cette abstraction qu’on appelle «société» ou «nation», qui n’est qu’un ensemble d’individus. L’homme – l’individu – a toujours été, et est nécessairement la seule source, le seul moteur de l’évolution et du progrès.

Il y a aussi un certain nombre de (courts) passages bêtement anti-religion, qu’il faut vraiment laisser aux oubliettes.