Écoutez, le monde est en feu (littéralement), un voisin débroussaille et les résultats sanguins sont nuls.
Heureusement, les Histoires particulières de France Culture permettent de plonger en deux épisodes dans des récits extraordinaires. Aujourd’hui ce furent les photos de fées en 1917 et l’histoire de la famille Gonsalvus au 16e siècle. Il y a aussi le cas des enfants de la gare de Barcelone qui m’accompagne depuis l’écoute il y a plusieurs jours
Pour pouvoir vivre, la narratrice de Permafrost n’a eu d’autre choix que de se protéger …
Quand la langue décape toute carapace, fût-elle Permafrostée
4 étoiles
Monologues d'une lesbienne quadra dépressive : il y a mieux pour attirer le chaland. Et pourtant : la langue est ciselée au cordeau, jouissive dans ses expressions déjantées et inattendues, poétiques au cœur d'une noirceur tournée en dérision à chaque ligne. La thématique y reprend du poil de la bête, dans de courts chapitres a priori sans queue ni tête, désopilants des propos sans filtres que tient l'auteure sur le mal-être de la narratrice, engoncée dans la carapace qu'elle s'est forgée pour tenir - tenir dans un univers féminin étouffant (mère, sœur), dans des relations qu'elle s'obstine à rompre (ses amantes), dans la découverte crue de la sexualité à l'adolescence, totalement et rapidement assumée. Toute carapace, même gelée, peut se fissurer : les craquelures apparaissent au milieu d'un cynisme qui s'exprime jusqu'à la dernière page, ouvrant à autre chose qu'à l'aspiration à la disparition physique. La plume d'Eva Baltasar s'est …
Monologues d'une lesbienne quadra dépressive : il y a mieux pour attirer le chaland. Et pourtant : la langue est ciselée au cordeau, jouissive dans ses expressions déjantées et inattendues, poétiques au cœur d'une noirceur tournée en dérision à chaque ligne. La thématique y reprend du poil de la bête, dans de courts chapitres a priori sans queue ni tête, désopilants des propos sans filtres que tient l'auteure sur le mal-être de la narratrice, engoncée dans la carapace qu'elle s'est forgée pour tenir - tenir dans un univers féminin étouffant (mère, sœur), dans des relations qu'elle s'obstine à rompre (ses amantes), dans la découverte crue de la sexualité à l'adolescence, totalement et rapidement assumée. Toute carapace, même gelée, peut se fissurer : les craquelures apparaissent au milieu d'un cynisme qui s'exprime jusqu'à la dernière page, ouvrant à autre chose qu'à l'aspiration à la disparition physique.
La plume d'Eva Baltasar s'est taillée dans des recueils de poésie : le texte l'illustre à chaque mot. Magnifique traduction d'Annie Bats, qui donne à entendre une langue sonore, colorée, exprimant quelque chose de cette expérience du décalage entre paraître attendu dans nos relations, et aspirations profondes.
L'ouvrage est relativement court, composé de brefs chapitres qui s'enchaînent sans lien direct apparent parfois ; il est aussi particulièrement intense ; comme si sa brièveté venait pour faciliter la respiration après cette plongée sous une terre gelée.