Critiques et Commentaires

C’est un bel ouvrage, qui n’épuise pas tout ce qu’il y a à dire sur le sujet mais qui défriche bien quand même. Étant moi même à AIDES (mais de manière très distante : j’y suis peu impliqué et je ne m’identifie pas plus que ça à l’asso même si on y trouve des choses que j’aime bien) et ayant des copaines qui y sont salariées j’ai trouvé ça très intéressant, bien que pas hyper surprenant. En particulier, la question de la professionnalisation et les tensions que ça peut susciter avec la démarche de santé communautaire est vraiment intéressante (entre autres), de même que la partie sur la race et l’inclusion de pop non blanches et immigrées. Je me demande dans quelle mesure les auteurices ont essayé de modérer leur propos pour ne pas trop froisser. Je suis en train de le faire lire aux copaines et je suis curieux d’avoir leurs retours.

Content d’avoir la fin de ce cycle, que je trouve très riche. Je l’ai dévoré, l’auteur sait toujours comment rendre difficile de décrocher de ses livres. C’est hyper plaisant d’avoir la plupart des clefs de lecture enfin. Mais je l’ai quand même moins aimé que celui d’avant. Les personnages y étaient plus intéressants. Là, autant c’est bien d’explorer ce qu’ils deviennent après leurs réalisations et la formulation de leurs quatrièmes idéaux, comme quoi c’est pas fini etc, mais c’est moins intéressant; Kaladin devient presque relou des fois, même si certains sous textes sur la nécessité de prendre soin de soi sont cool. Par ailleurs, les clins d’oeil constants aux fans du Cosmere (son univers étendu) me fatiguent, ça prend trop de place, on dirait un mauvais marvel. Mais dans l’ensemble plutôt chouette :)

Autant j’avais lu la trilogie originale de Terremer et y a des problèmes avec, autant ça fait hyper plaisir de lire une suite écrite après 20 ans de réflexions féministes de Le Guin (j’ai lu the other wind et tales of earthsea dans la foulée), son écriture, ses histoires et ses sujets dans cet univers se sont beaucoup transformées et c’est pour le mieux. L’on voit les faiblesses des personnages masculins qui étaient auparavant trop parfaits, et le rôle des personnages féminins qui étaient auparavant invisibilisés, sans pour autant tomber dans un truc facile de valoriser les mêmes choses qu’avant selon des codes finalement mascus de ce qu’est l’héroïsme / le courage / la force. Elle cherche à valoriser d’autres choses. Et c’est chouette. Je sais pas comment dire / expliquer mais j’ai trouvé ça très féministe deuxième vague. En tout cas, c’était plaisant, et ça réhabilite ce cycle pour moi.

Je me souviens l'avoir lu jeune ado et l'avoir trouvé sympa mais un peu étrange dans l'écriture. En le relisant (et en VO ce coup-ci) je me dis qu'effectivement c'est un peu daté dans le style, mais c'est sympa et ça se lit très bien, et on y retrouve bien le côté un peu anthropologique de Le Guin. Bon par contre où sont les femmes ??? Le genre est pas beaucoup réfléchi quand même. Ceci dit, elle essaie de désarçonner lea lecteurice sur les impensés / préjugés raciaux en indiquant tardivement la couleur de peau de certain.e.s personnages et en se décentrant par rapport à des histoires de personnes blanches et c'est cool.