Proférés pour clore toute discussion, ces dix mots, « On ne peut pas accueillir toute …
On peut !
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SVP ! Lisez les 67 petites pages du tout petit livre « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. En finir avec une sentence de mort » de Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens.
« Proférés pour clore toute discussion, ces dix mots semblent constituer l’horizon indépassable de tout débat sur les migrations. Ils tombent comme un couperet pour justifier toujours le « contrôle » et la « maîtrise » des « flux migratoires » – c’est-à-dire, en termes moins euphémiques : le refus, la restriction, la fin de non-recevoir et la répression. En ce sens, ils constituent bien ce qu’on appelle une sentence, dans les deux sens du mot : une simple phrase tout d’abord, exprimant une pensée de manière concise et dogmatique, sans développement argumentatif, mais aussi un verdict, une condamnation, prononcée par une autorité à l’encontre d’un ou d’une accusé-e. »
C’est une partie de …
SVP ! Lisez les 67 petites pages du tout petit livre « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. En finir avec une sentence de mort » de Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens.
« Proférés pour clore toute discussion, ces dix mots semblent constituer l’horizon indépassable de tout débat sur les migrations. Ils tombent comme un couperet pour justifier toujours le « contrôle » et la « maîtrise » des « flux migratoires » – c’est-à-dire, en termes moins euphémiques : le refus, la restriction, la fin de non-recevoir et la répression. En ce sens, ils constituent bien ce qu’on appelle une sentence, dans les deux sens du mot : une simple phrase tout d’abord, exprimant une pensée de manière concise et dogmatique, sans développement argumentatif, mais aussi un verdict, une condamnation, prononcée par une autorité à l’encontre d’un ou d’une accusé-e. »
C’est une partie de l’introduction. En quelques pages et peu de chapitres, la phrase est entièrement disséquée sous l’angle des valeurs bien sûr, mais aussi dans sa dimension géopolitique et économique (spoil : elle est fausse), ou encore performative – elle crée la misère qu’elle refuse d’accueillir, y compris quand elle accueille (un peu).
Chaque mot ou groupe de mots (“On”, “ne peut pas”, “accueillir”, “toute la misère du monde”) est renvoyé à ses présupposés et permet de reconstituer le sens global de cette phrase : un préjugé, un concentré de xénophobie, un mythe même, enfin un truc tout aussi faux que « L’herbe est bleue » ou « Darmanin est un humaniste » (les exemples sont de moi).
Selon la Déclaration d’Antonia, il n’y a de propriété que d’usage. Chaque être humain est …
Une utopie moderne
5 stars
J'ai lu avec beaucoup de plaisir #Eutopia de @camilleleboulanger
Une utopie moderne, comme l'est par exemple le superbe Voyage en Misarchie d'Emmanuel Dockès. Il s'agit d'une mise en chair des théories de Bernard Friot : salaire à vie inconditionnel attaché à la personne, propriété d'usage des moyens de production mais aussi des logements, entre autres. Si l'on n'est pas prévenu, on ne se rend pas compte d'emblée de cette application imaginaire de la théorie : c'est bien un roman, et un roman prenant ! On suit avec beaucoup de plaisir les pérégrinations et plus globalement la vie du personnage principal et de ses proches et moins proches, dans une société libre qui s'est fixée peu de règles pour devenir égalitaire et écologique (aujourd'hui on commence à comprendre que ces mots sont presque synonymes...). Ce qui n'empêche pas les personnages d'être confrontés à diverses problématiques existentielles... J'ai été étonné de découvrir …
J'ai lu avec beaucoup de plaisir #Eutopia de @camilleleboulanger
Une utopie moderne, comme l'est par exemple le superbe Voyage en Misarchie d'Emmanuel Dockès. Il s'agit d'une mise en chair des théories de Bernard Friot : salaire à vie inconditionnel attaché à la personne, propriété d'usage des moyens de production mais aussi des logements, entre autres. Si l'on n'est pas prévenu, on ne se rend pas compte d'emblée de cette application imaginaire de la théorie : c'est bien un roman, et un roman prenant ! On suit avec beaucoup de plaisir les pérégrinations et plus globalement la vie du personnage principal et de ses proches et moins proches, dans une société libre qui s'est fixée peu de règles pour devenir égalitaire et écologique (aujourd'hui on commence à comprendre que ces mots sont presque synonymes...). Ce qui n'empêche pas les personnages d'être confrontés à diverses problématiques existentielles... J'ai été étonné de découvrir que le principal point d'achoppement mis en avant dans le roman est l'éducation des enfants par toutes et tous, et l'éloignement des parents, à partir de 3 ans, présentée comme la condition de l'acceptation de la seule propriété d'usage.
Moi qui ai une nombreuse progéniture élevée bien au-delà de ses 3 ans, je ne souhaite pas pour elle un quelconque enrichissement et de multiples propriétés. Je lui souhaite de vivre dans une société où elle pourra se faire soigner gratuitement, bénéficier d'une sécurité sociale de l'alimentation, vivre dignement sans dépendre du marché ou d'un patron ; bref, vivre en Eutopia (ou presque)...
Par ailleurs, la théorie sous-jacente au roman a de mon point de vue les mêmes défauts que la théorie de Bernard Friot : l'idée que la violence inhérente à la nature humaine doit pouvoir s'exprimer dans un cadre institutionnel (soit), ce qui se traduit chez l'un comme chez l'autre auteur par une échelle de salaires de 1 à 3 (au moins) dont on gravirait les échelons grâce au passage devant des jurys de qualification. Ça ne me fait pas rêver (voir chez @frustrationmagazine www.frustrationmagazine.fr/le-projet-de-bernard-friot-point-dappui-pour-la-lutte-ou-impasse-strategique/), mais surtout, c'est manquer d'imagination quant aux multiples possibilités d'affrontement institutionnelles même dans une société égalitaire ! Pour décider par exemple du temps de travail selon sa pénibilité, ou encore de ce que l'on doit produire, de la façon d'occuper la terre, etc.
Bref, on passe un bon moment de lecture et ça titille les neurones, je vous le conseille sans réserve !
« Une bonne histoire, aujourd’hui encore, c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait des trucs. …
Je suis une fille sans histoire
5 stars
Ça ressemble à un petit essai de théorie littéraire mais c'est court et très facile à lire, car en fait écrit pour être joué dans le cadre d'un "seul en scène".
Si vous voulez savoir ce qu'est la théorie de la fiction-panier, le syndrôme de la schtroumpfette, pourquoi la fiction n'est pas un mensonge mais au contraire le seul lieu où la vérité est incontestable, savoir si une oeuvre est féministe grâce au test de Bechdel, et même les conséquences pour l'auteure d'avoir de grosses chevilles, tout est dedans !
Dès l'enfance, elle apprend à baisser la tête. On l'a sommée d'épargner aux autres la …
Méduse
5 stars
Une petite perle finement ciselée, un peu sombre et tirant vers le fantastique. L'auteure a un lexique très riche et se paie le luxe de l'enrichir encore d'une foultitude de néologismes, et pourtant ça reste une lecture très fluide que l'on lit comme un polar.
Dès l'enfance, elle apprend à baisser la tête. On l'a sommée d'épargner aux autres la …
Une petite perle finement ciselée, un peu sombre et tirant vers le fantastique. L'auteure a un lexique très riche et se paie le luxe de l'enrichir encore d'une foultitude de néologismes, et pourtant ça reste une lecture très fluide que l'on lit comme un polar.
On oscille entre plaisir d'avoir l'une des innombrables refs, ou perplexité sinon, mais toujours on se marre (un peu jaune parfois)... aux dépens des réacs et autres droitards, avec un poil d'autodérision. Les graphismes m'ont fait penser au "petit traité d'écologie sauvage" de Pignocchi, que j'ai beaucoup aimé également.