Les sensations de son propre corps avaient changé, elles avaient pris une ampleur qu’il n’aurait jamais imaginée. Sa taille seule l’engourdissait. Il sentait les étoiles en lui, l’étendue immense d’espace qu’il refermait. D’une pensée il pouvait pousser son attention à atteindre une soleil entouré de planètes inconnues, aussi aisément qu’il s’intéressait à un doigt ou se grattait la nuque. Les lumières avaient un goût différent, une odeur différente. Il voulait fermer les yeux pour stopper le flot de sensations, mais il en était incapable. Il n’avait pas quelque chose d’aussi simple que des yeux. Il était devenu incommensurablement grand, et complexe, et étrange. Des milliers de voix, des millions, des milliards, s’élevaient en chœur, et il était leur mélodie. Et au centre existait un endroit où tous les fils de son être se rejoignaient. Il reconnut la station non par son aspect mais par le rythme profond des battements de son cœur. La puissance d’un million de soleils contenue, canalisée. Là se trouvait le point de liaison entre les mondes, le miracle de la connaissance et le pouvoir qui lui ouvrait les portes du paradis. Sa Babel.