Critiques et Commentaires

Clochix Compte verrouillé

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A rejoint ce serveur il y a 11 mois, 2 semaines

Vieux geek aigri, je cherche dans les livres à comprendre les humains et des graines de futurs un peu plus désirables. Mes goûts me poussent essentiellement vers les récits contemporains et l’anticipation.

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a terminé la lecture de Les heures rouges par Leni Zumas

Leni Zumas: Les heures rouges (fr language, Les Presses de la Cité) Aucune note

États-Unis, demain. Avortement interdit, adoption et PMA pour les femmes seules sur le point de …

États-Unis d’Amérique dans un proche futur. L’IVG a été interdit, et est sévèrement réprimé, mais à part ça rien n’a changé, on n’est pas dans une dystopie. On suit quatre femmes dans une petite ville de la côte Ouest. Une professeure, l’épouse d’un de ses collègues, une de ses étudiantes, et une guérisseuse. L’une veut devenir mère, l’autre s’interroge sur ce que ça lui a coûté de le devenir. Je n’ai pas grand chose à en dire, je n’ai accroché ni au style, ni à l’ambiance, ni à l’intrigue, que j’ai trouvé assez banale.

a terminé la lecture de Vanda par Marion Brunet

Marion Brunet: Vanda (French language, 2020, Albin Michel) Aucune note

Personne ne connaît vraiment Vanda, cette fille un peu paumée qui vit seule avec son …

Depuis 6 ans, Vanda vit dans un cabanon sur une plage de Marseille avec l’enfant qu’elle a fait toute seule, Bulot. Farouchement indépendante, elle trace sa route entre boulots précaires et soirées. Mais cet équilibre précaire est menacé le jour où par hasard, le géniteur de Bulot découvre sa paternité et est pris de l’envie de devenir père. J’ai dévoré ce bouquin. C’est à la fois un portrait de femme qui se bat pour s’en sortir. Un roman social, portrait de galériennes et de Marseille. Au delà de Vanda, Simon, le géniteur, est plein de doutes. Il a quitté sa province, bien décidé à conquérir Paris, et interroge à présent ce choix. Pose la question d’un « droit à la paternité ». C’est tendre, c’est dur.

a terminé la lecture de Femmes sans merci par Camilla Läckberg

Camilla Läckberg: Femmes sans merci (French language, 2020, Actes Sud, collection Actes noir) Aucune note

Ingrid Steen a renoncé à sa carrière de journaliste le jour où son mari infidèle …

Un roman court racontant la vengeance de trois femmes maltraitées par leur mari. Ça commence bien, avec le portrait des trois épouses, mais la seconde partie m’a déçu, semblé bâclée, les derniers chapitres ne sont que des ébauches sans originalité, quand le résumé annonçait des « crimes parfaits ». Un livre qui se lit vite mais ne tient pas vraiment ses promesses.

Jennifer Murzeau: Le coeur et le Chaos (Paperback, 2021, JULLIARD) 4 étoiles

À trente ans, Aurélien a déjà connu trop de désillusions et rêve d’un ailleurs. Alice, …

Paris dans un très proche futur, entre canicule et pénuries. Trois personnages vont se croiser. Iris, artiste presque centenaire, qui après une vie de luxe sombre progressivement dans la démence. Aurélien, marginal, ex-raver, ex-zadiste, livreur de repas à vélo, et Alice, médecienne en pleine crise existentielle de la quarantaine. J’ai bien aimé le personnage d’Iris, car il est rare d’évoquer ainsi le très grand âge, le naufrage du corps et de l’esprit. Alice et Aurélien sont sympathiques, mais plus conventionnels. L’atmosphère de ce proche futur, l’effondrement qui vient, est bien rendue. Une lecture agréable mais pas mémorable.

a terminé la lecture de Rita par Marie Pavlenko

Marie Pavlenko: Rita (fr language, Flammarion jeunesse, collection 13 ans et plus) Aucune note

Qui est Rita ? Que lui est-il arrivé ? Tour à tour, élèves et professeur …

Dès le début, le format du récit ne laisse aucun doute. Ses proches se souviennent de Rita et regrettent de n’avoir rien vu venir. On sait le drame inéluctable, et la tension grandit à mesure que se déroule le récit de cette année de terminale, qu’on s‘attache à Rita, et qu’on commence à deviner ce qu’elle tait.

Un roman « pour adolescent⋅es » qui m’a ému.

Olga Tokarczuk: Sur les ossements des morts (2020, Libretto) Aucune note

Janina Doucheyko vit seule dans un petit hameau au cœur des Sudètes. Ingénieur à la …

L’hiver dure longtemps dans ce minuscule hameau polonais, à la frontière de la Tchéquie. On le passe en compagnie de madame Doucheyko, ingénieure retraitée, férue d’astrologie et antispéciste convaincue, de son voisin Matoga, et de Dyzio, son ancien étudiant qu’elle aide à traduire la poésie de William Blake. Lorsque des hommes commencent à mourir, madame Doucheyko en est persuadée, c’est une vengeance des animaux, tous étaient chasseurs et c’est écrit dans leur thème astral. L’hiver est long et le récit prend son temps, mais je me suis laissé prendre, malgré les nombreuses digressions de madame Doucheyko sur l’astrologie ou la vie. Son passé d’ingénieure, d’enseignante, fait d’elle une « sorcière » atypique, que sa défense sans concessions des animaux rend sympathique. Et je me suis pris à rêver avec elle que la nature se défende.

a terminé la lecture de Sans collier par Michèle Pedinielli (Boccanera)

Michèle Pedinielli: Sans collier (French language, 2023, Éditions de l’aube) Aucune note

On les appelait cani sciolti, chiens sans collier, parce qu’ils ne voulaient appartenir à aucune …

Impression mitigée. J’ai ouvert Sans collier parce que le résumé évoquant les totos italiens m’a rappelé Un traître chez les totos, de Guy Dardel, que j’avais bien apprécié dans ma jeunesse. Mais finalement, les références à l’Italie des années 70 sont assez anecdotiques. Quant à l’intrigue, elle m’a laissé sur ma faim. Reste des personnages sympathiques, dont une héroïne en pleine ménopause, et un style agréable à lire. À noter que l’histoire fait de fréquentes références aux précédentes enquêtes de la détective Boccanera, et il me manquait probablement des clés pour l’apprécier pleinement.

Élisabeth Vonarburg: Le silence de la cité (fr language, 2023, Folio, collection Folio SF) Aucune note

Depuis le Déclin, la civilisation humaine est au bord de l'extinction. Si la plupart des …

J’avais trouvé la fin de l’excellent Chroniques du pays des Mères un peu frustrante car, même si l’intrigue est finalement secondaire, beaucoup de questions restent sans réponses. Le Silence de la cité comble cette frustration, en remontant à l’origine du Pays des Mères. Le silence de la cité a été écrit plusieurs années avant des Chroniques, et se déroule ses siècles avant, mais le lire après est finalement une bonne idée. Muni des clés qu’il fournit, les Chroniques auraient perdu un peu de leur mystère.

Indépendamment de son lien avec les Chroniques, le Silence est un bon roman de SF où après une catastrophe, une partie de l’humanité vit dans des cités souterraines entourée d’androïdes quand le reste, à la surface, rebâtit dans la douleur un nouveau monde sur les ruines de l’ancien. Le récit est riche, plein de rebondissements, centré autour d’un personnage attachant, Élisa, née dans une cité, …

a terminé la lecture de Nevada par Imogen Binnie

Imogen Binnie, Violaine Huisman (traductrice): Nevada (fr language, Gallimard, Collection Du monde entier) Aucune note

Maria, jeune libraire habitant à New York, porte un prénom féminin depuis quelques années seulement. …

Maria est une cycliste urbaine, ce qui me l’a tout de suite rendue sympathique. Dans Nevada, on passe quelques jours dans la tête de cette jeune femme trans, vivant à New-York dans les années 2000. C’est un long monologue intérieur rythmé par son quotidien et un voyage qu’elle entreprend vers l’Ouest. J’ai beaucoup aimé ce livre, pour le témoignage, pour le récit, largement autobiographique, de la vie d’une femme trans, ses difficultés, ses questionnements. Mais aussi pour le ton, punk, féministe. Et bien sûr pour le personnage très attachant de Maria.

a terminé la lecture de Kuessipan par Naomi Fontaine

Naomi Fontaine: Kuessipan (French language, 2011, Mémoire d'encrier) Aucune note

« J'aimerais que vous la connaissiez la fille au ventre rond. Celle qui élèvera seule …

Kuessipan n’est pas un roman. C’est une succession de courts chapitres, parfois quelques phrases à peine, instantanés de la vie dans une réserve innue de Uashat. J’ai été dérouté au début par le format, car je m’attendais à un récit. Mais peu à peu je me suis laissé prendre à savourer chaque texte comme de petits poèmes en prose, des instants de vie.

a terminé la lecture de Difficult Women par Roxane Gay

Roxane Gay: Difficult Women (fr language, 2022, Mémoire d’encrier) Aucune note

Difficult Women donne la parole à un chœur de femmes inoubliables. Dans un style vif …

J’avais envie de découvrir Roxane Gay, mais j’ai été déçu par ce livre. C’est un recueil de nouvelles, d’instantanées de la vie de femmes. Des histoires courtes, avec une intrigue ténue, et une répétition de relations souvent violentes. Je suis passé à côté.

À noter que la traductrice, Olivia Tapiero, est québécoise, donc le texte contient des québécismes.

Agnès Desarthe: Le Château des Rentiers (2023, Éditions de l’Olivier) Aucune note

En levant les yeux vers le huitième étage d’une tour du XIIIe arrondissement de Paris, …

Trompé par la quatrième de couverture. Je m’attendais à la saga d’une famille juive traversant le vingtième siècle. Mais dès les premières pages, l’autrice avoue ne savoir presque rien de ses grands parents. S’ensuivent une série de courts chapitres alternant anecdotes sur sa vie et réflexions sur vieillir, avec en vague fil conducteur l’idée de construire une maison de retraite pour bande de potes de la vingtaine.

Ça n’est pas mal écrit, j’ai à peu près le même âge que l’autrice et ses réflexions me parlent, mais… ça n’était pas ce que je cherchais en ouvrant ce livre. Je me suis vite ennuyé et, sortant de deux autres lectures qui m’avaient déçu, j’ai abandonné celle-ci vers la moitié.

a terminé la lecture de Sacrifice par Joyce Carol Oates

Joyce Carol Oates: Sacrifice (fr language, 2016, Philippe Rey) Aucune note

1987, dans un quartier noir délabré d’une ville du New Jersey, une mère cherche partout …

J’ai bien aimé la première moitié du livre, décrivant la vie dans un quartier pauvre d’une ville du New Jersey, les discriminations, le racisme. Mais l’histoire s’oriente progressivement vers la critique de l’exploitation par des militants d’un fait divers. Si la critique des méthodes d’actions et des motivations des militants est évidemment légitime, cela m’a fait tiquer. Je me suis demandé d’où parlait l’autrice, question qui m’a de plus en plus taraudé à mesure que je trouvais qu’elle jugeait les personnages qu’elle mettait en scène. La seconde partie du livre m’a laissé un sentiment de malaise. Confirmé ensuite en lisant cette critique par Roxane Gay : www.nytimes.com/2015/02/01/books/review/the-sacrifice-by-joyce-carol-oates.html

Avertissement : - le récit est dur, mention de violences sexuelles, de violences, de racisme, crimes policiers, etc ; - l’histoire est fortement inspirée d’une affaire judiciaire réelle. Se renseigner sur cette affaire tue le suspens.

a terminé la lecture de La Sentence par Louise Erdrich

Louise Erdrich: La Sentence (Français language, 2023, Albin Michel) Aucune note

« Quand j’étais en prison, j’ai reçu un dictionnaire. Accompagné d’un petit mot : Voici …

Un livre tendre et foisonnant.

C’est un portrait d’une femme entière et attachante, Tookie, en proie à ses démons et son fantôme. C’est une chronique d’une année très particulière, celle de la Covid, de l’assassinat de Georges Floyd et des émeutes à Minneapolis, ville où vivent les protagonistes. Avec en toile de fond le sort réservé par les colons européens aux habitant·es du continent, et la vie des amérindien·nes, leur rapport à leur histoire qui a été en grande partie effacée. Et puis c’est une ode aux livres, aux librairies indépendantes, fourmillant d’anecdotes.

On sent que l’autrice a mis beaucoup d’elle dans le texte, elle raconte cette année et la vie de sa librairie. L’histoire se déroule autour de Birchbark Books, la librairie que tient Louise Erdrich. Elle-même y apparaît dans son propre rôle. Par cet aspect, ce texte m’a rappelé des films des années 90, successions de scènes où …

a terminé la lecture de Petite par Sarah Gysler

Sarah Gysler: Petite (fr language, 2017, Équateurs) Aucune note

« Je suis née au milieu des années nonante dans une famille décomposée. On était …

Sarah Gysler est née en 1994 en Suisse, d’une mère algérienne et d’un père suisse. À 24 ans, elle revient sur son enfance et la découverte qui a bouleversé sa vie, la route.

J’ai bien aimé la première moitié, le récit d’enfance, le divorce des parents, la révolte d’une ado que l’école étouffe, ses questionnements sur son identité. Le tout est narré avec humour.

À 20 ans, elle décide de tout plaquer et de partir sac au dos, sans un sous en poche, jusqu’au Cap Nord. La seconde partie raconte ce voyage et comment elle a du vaincre sa peur de voyager seule en étant une femme. Succession d’anecdotes sur la route, agréable à lire mais assez classique.

Une courte biographie d’une jeune femme attachante, ça donne la pèche.