Le roman graphique (en 2 tomes) est une adaptation d'un roman intimiste d'Iromi Kawakami. On découvre le quotidien d'une trentenaire célibataire, qui vit seule et c'est à travers elle qu'on découvre le déroulement de l'histoire à travers une série de rencontres. Elle ne semble pas particulièrement rechercher de rencontres amoureuses. Assez recluse dans son monde où ses pensées vont et viennent, parfois empreintes de tristesse, mais surtout satisfaite de la vie qu'elle s'est choisie, elle a ses habitudes. C'est ainsi qu'elle croise à plusieurs reprises un homme coiffé d'un chapeau avec son incontournable cartable, qui déjeune comme elle dans un de ces petits restaurants de Tokyo. Ils ont les mêmes goûts et se retrouvent régulièrement sans pour autant se donner rendez-vous. Cet ancien professeur qu'elle a eu au lycée, tout en retenue et délicatesse, se confie parfois. Le "maître" comme elle l'appelle, est veuf et il semble parcourir la ville …
Critiques et Commentaires
Retraité, lecteur d'un peu de tout. Plutôt des polars, des romans et des essais, politiques ou historiques, et des BD... Sur Mastodon @Opla@mastodon.social Sur Diaspora ex_pla_principal@diaspora-fr.org
Ce lien ouvre une nouvelle fenêtre
Arsène a publié une critique de Coffret Les Années douces par Hiromi Kawakami
Une lecture intimiste d'une relation amoureuse
Le roman graphique (en 2 tomes) est une adaptation d'un roman intimiste d'Iromi Kawakami. On découvre le quotidien d'une trentenaire célibataire, qui vit seule et c'est à travers elle qu'on découvre le déroulement de l'histoire à travers une série de rencontres. Elle ne semble pas particulièrement rechercher de rencontres amoureuses. Assez recluse dans son monde où ses pensées vont et viennent, parfois empreintes de tristesse, mais surtout satisfaite de la vie qu'elle s'est choisie, elle a ses habitudes. C'est ainsi qu'elle croise à plusieurs reprises un homme coiffé d'un chapeau avec son incontournable cartable, qui déjeune comme elle dans un de ces petits restaurants de Tokyo. Ils ont les mêmes goûts et se retrouvent régulièrement sans pour autant se donner rendez-vous. Cet ancien professeur qu'elle a eu au lycée, tout en retenue et délicatesse, se confie parfois. Le "maître" comme elle l'appelle, est veuf et il semble parcourir la ville sans trop qu'on sache ce qu'il fait ou cherche. Petit à petit, il y a une certaine forme de complicité qui se noue, une forme d'attirance ne serait-ce que par les repas partagés dont on apprend à connaître les saveurs. Elle est troublée par ce qu'elle ressent et en opposition avec l'ancien camarade de classe qui cherche à nouer une relation avec elle. C'est très fin, les dessins proposent une lecture des sentiments à travers les gestes qui sont choisis et les regards ou les expressions de visage. Une retranscription d'un entretien entre Taniguchi et Kawakami clôt l'ouvrage et donne d'autres ouvertures.
Arsène a noté Coffret Les Années douces : 5 étoiles

Coffret Les Années douces de Hiromi Kawakami, Corinne Quentin, Elisabeth Suetsugu, et 1 autre
Un récit pudique et délicat, tissé de bonheurs fugaces et d’enchantements saisis au vol : Jirô Taniguchi au meilleur de …
Arsène a publié une critique de Ce que j'appelle oubli par Laurent Mauvignier
le meurtre d'un homme
Après avoir vu l'adaptation au théâtre à Avignon de ce texte, j'ai retrouvé dans ma mémoire le décor, l'acteur qui débitait le texte d'une manière tellement poignante. Lorsque j'ai vu la pièce, je me souviens de cette remarque attribuée au procureur, policier, journaliste, etc. "on ne meurt pas pour si peu" et en relisant le texte, Laurent Mauvignier fait bien apparaître l'indécence de cet énoncé. Il ne s'agit pas de cela, mais bien de la place des personnes qui se retrouvent en marge de la société, qu'on ne veut pas voir et dont l'existence n'a plus d'importance aux yeux de tout un chacun, ils errent dans la ville, sales souvent, dorment dehors, mendient de quoi manger ou boire et ne trouvent que des regards qui les évitent, car ils dérangent par leur existence l'équilibre de la société. Du coup, quelle importance à leur accorder, ces quelques claques, injures, coups assénés …
Après avoir vu l'adaptation au théâtre à Avignon de ce texte, j'ai retrouvé dans ma mémoire le décor, l'acteur qui débitait le texte d'une manière tellement poignante. Lorsque j'ai vu la pièce, je me souviens de cette remarque attribuée au procureur, policier, journaliste, etc. "on ne meurt pas pour si peu" et en relisant le texte, Laurent Mauvignier fait bien apparaître l'indécence de cet énoncé. Il ne s'agit pas de cela, mais bien de la place des personnes qui se retrouvent en marge de la société, qu'on ne veut pas voir et dont l'existence n'a plus d'importance aux yeux de tout un chacun, ils errent dans la ville, sales souvent, dorment dehors, mendient de quoi manger ou boire et ne trouvent que des regards qui les évitent, car ils dérangent par leur existence l'équilibre de la société. Du coup, quelle importance à leur accorder, ces quelques claques, injures, coups assénés par des vigiles qui se sentent au-dessus et qui se sentent le droit de s'en prendre impunément à ces moins que rien. Un texte court, dérangeant pour notre bonne conscience car nous en croisons tous les jours des gens en marge, qui n'ont jamais choisi de le devenir, qui avaient des rêves, une famille, une enfance, des amis, des voisins, une histoire...et que nous évitons de regarder car ils nous renvoient une image de nous-mêmes qui nous dérange. Pourtant, cela devrait nous mettre en colère contre cette société qui les crée, une indignation collective car cela va bien au-delà des vies individuelles.
Arsène a noté Ce que j'appelle oubli : 5 étoiles
Arsène a publié une critique de Enquête dans le brouillard par Elizabeth George
Comment les personnages évoluent...
Ce roman policier est très intéressant. Il décrit la complexité des personnages.qui vont évoluer au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête. Il ne s'agit pas seulement de la recherche de l'auteur du crime mais bien de comprendre tous les personnages, un par un, qu'ils soient témoins, possibles suspects et enquêteurs. Leurs liens, ce qui les animent, leurs histoires personnelles, leurs motivations, tout ce qui donne sens est petit à petit mis au jour, mais comme il s'agit d'une enquête, les clés apparaissent à la fin du roman.
Ce roman policier est très intéressant. Il décrit la complexité des personnages.qui vont évoluer au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête. Il ne s'agit pas seulement de la recherche de l'auteur du crime mais bien de comprendre tous les personnages, un par un, qu'ils soient témoins, possibles suspects et enquêteurs. Leurs liens, ce qui les animent, leurs histoires personnelles, leurs motivations, tout ce qui donne sens est petit à petit mis au jour, mais comme il s'agit d'une enquête, les clés apparaissent à la fin du roman.
Arsène a noté Enquête dans le brouillard : 5 étoiles
Arsène a commenté Dix idées reçues sur la psychanalyse par Mathilda Audasso (Hors Collection)
Une interview de Mathilde Audasso sur son livre très éclairante www.hors-serie.net/emissions/la-psychanalyse-est-elle-de-gauche/
Arsène a publié une critique de Une étrange défaite par Didier Fassin
Une critique de la manière dont l'Occident a invisibilisé le génocide des gazaouis
5 étoiles
Le titre est une reprise de celui de Marc Bloch, au lendemain de la défaite de la France face à l'Allemagne nazie en 1940. Il est suivi du sous-titre "Sur le consentement à l'écrasement de Gaza". Didier Fassin passe en revue ce qui a suivi le 7 octobre 2023. Déjà il n'oublie pas tout ce qui a précédé cette date depuis la création de l'état d'Israël au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale sur un territoire alors peuplé très majoritairement par des Palestiniens, territoire sous mandat britannique. Il rappelle cette colonisation des terres palestiniennes en contradiction absolue des décisions prises à l'époque, en opposition absolue de toutes les résolutions successives prises à l'ONU. Il met en évidence la manière éhontée des puissances occidentales d'invisibiliser les souffrances infligées aux Palestiniens, à Gaza mais aussi en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, de nier le caractère génocidaire de la guerre entreprise par l'armée israélienne, …
Le titre est une reprise de celui de Marc Bloch, au lendemain de la défaite de la France face à l'Allemagne nazie en 1940. Il est suivi du sous-titre "Sur le consentement à l'écrasement de Gaza". Didier Fassin passe en revue ce qui a suivi le 7 octobre 2023. Déjà il n'oublie pas tout ce qui a précédé cette date depuis la création de l'état d'Israël au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale sur un territoire alors peuplé très majoritairement par des Palestiniens, territoire sous mandat britannique. Il rappelle cette colonisation des terres palestiniennes en contradiction absolue des décisions prises à l'époque, en opposition absolue de toutes les résolutions successives prises à l'ONU. Il met en évidence la manière éhontée des puissances occidentales d'invisibiliser les souffrances infligées aux Palestiniens, à Gaza mais aussi en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, de nier le caractère génocidaire de la guerre entreprise par l'armée israélienne, de réprimer toutes les manifestations de soutien au peuple palestinien y compris les demandes de type humanitaire ou de cessez-le-feu, de caractériser comme otages les Israéliens retenus par le Hamas et de prisonniers les Palestiniens retenus de manière tout aussi arbitraire par l'armée et les institutions israéliennes, d'omettre les tortures subies par ces derniers... De fait les puissances occidentales soutiennent le pouvoir israélien pour plusieurs raisons. La première tourne autour de leur responsabilité dans ce qu'on nomme la Shoah, le génocide des juifs commis par les nazis avec le soutien de plusieurs pays comme la France. C'est aussi la poursuite d'une logique coloniale occidentale menée par Israël contre les arabes, le racisme sous-tendu vis-à-vis des arabes, avec une confusion volontaire entre arabes/musulmans/terroristes comme d'ailleurs entre antisémite/antisioniste. Et enfin, les crédits accordés par les USA qui permettent à Israël d'acquérir des armes américaines (ce qui fait tourner les usines américaines) et de les tester en s'en servant. Sans oublier que cela permet de fait d'accéder à des ressources en matières premières ! Et le texte, écrit en mai 2924, n'a rien perdu de sa force de dénonciation. D'ailleurs, il en a écrit un nouveau en 2025 qui poursuit cette description terrible et l'actualité lui donne raison !
Arsène a noté Une étrange défaite : 5 étoiles

Une étrange défaite de Didier Fassin
Avec le recul du temps, les événements qui, après l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre 2023, se sont déroulés …
Arsène a publié une critique de Dix idées reçues sur la psychanalyse par Mathilda Audasso (Hors Collection)
Des questions sur la psychanalyse expliquées
5 étoiles
Cet essai est une introduction, à mon avis, très riche quant à la psychanalyse. A travers les dix questions (la psychanalyse n'est pas pour tout le monde, elle est bourgeoise, antiféministe, transphobe, occidentale...) que l'autrice traite de façon argumentée, le profane pourra y trouver de quoi mieux comprendre ce qu'est la psychanalyse, dans quel contexte elle est apparue, les réflexions qui se sont poursuivies pour l'enrichir mais aussi les lectures parfois restrictives ou même avec des contresens qui ont eu cours (et/ou qui continuent à se maintenir). Mais ce n'est pas seulement, me semble-t-il, limité à tout un chacun. L'autrice pose de véritables questions théoriques qui doivent permettre aux praticiens de réfléchir autrement à leur pratique et aux théories sur lesquelles ils s'appuient. Dans chaque chapitre il y a la question traitée qui permet de contextualiser le thème, donner des éléments de réflexion mais surtout elle met en évidence des …
Cet essai est une introduction, à mon avis, très riche quant à la psychanalyse. A travers les dix questions (la psychanalyse n'est pas pour tout le monde, elle est bourgeoise, antiféministe, transphobe, occidentale...) que l'autrice traite de façon argumentée, le profane pourra y trouver de quoi mieux comprendre ce qu'est la psychanalyse, dans quel contexte elle est apparue, les réflexions qui se sont poursuivies pour l'enrichir mais aussi les lectures parfois restrictives ou même avec des contresens qui ont eu cours (et/ou qui continuent à se maintenir). Mais ce n'est pas seulement, me semble-t-il, limité à tout un chacun. L'autrice pose de véritables questions théoriques qui doivent permettre aux praticiens de réfléchir autrement à leur pratique et aux théories sur lesquelles ils s'appuient. Dans chaque chapitre il y a la question traitée qui permet de contextualiser le thème, donner des éléments de réflexion mais surtout elle met en évidence des pans entiers de la théorie qu'il faut relire et envisager avec nos connaissances actuelles pour en interroger les présupposés, les remettre en question et travailler sur d'autres pistes plus à même de comprendre ce qui se passe. Il y a me semble-t-il pourtant un point de vue qui n'est pas traité, celui que Lucien Sève a développé dans son ouvrage autour d'une Théorie Marxiste de la Personnalité, dont les Éditions Sociales viennent d'en faire une réédition enrichie
Arsène a noté Dix idées reçues sur la psychanalyse : 5 étoiles

Dix idées reçues sur la psychanalyse de Mathilda Audasso (Hors Collection)
Depuis peu, un vent de fraîcheur souffle sur la psychanalyse. Des travaux importants paraissent et renouvellent sa théorie et sa …
Arsène a publié une critique de La belle de mai par Élodie Durand
Une grève féminine
4 étoiles
Une BD qui présente la grève menée par des ouvrières, non syndiquées, de la manufacture de n ⁹ de tabac à Marseille en 1887. Cette grève menée par des ouvrières, d'origine italiennes pour beaucoup, se déclenche suite à la mise à pied de l'une d'entre elle. Très vite, elles ont des revendications qui vont bien au-delà du simple renvoi du contremaître et tourne autour d'augmentation de salaires et de meilleures conditions de travail. Elles bénéficient de la solidarité des autres ouvriers de la ville et permettra de créer ensuite un syndicat. Une petite erreur quant à la mention d'un parti communiste qui n'adviendra qu'une vingtaine d'années après. Le dessin est un peu dépouillé, en noir et blanc, avec parfois du bleu pour les photos. C'est plutôt le thème traité qui m'a intéressé que son traitement graphique.
Une BD qui présente la grève menée par des ouvrières, non syndiquées, de la manufacture de n ⁹ de tabac à Marseille en 1887. Cette grève menée par des ouvrières, d'origine italiennes pour beaucoup, se déclenche suite à la mise à pied de l'une d'entre elle. Très vite, elles ont des revendications qui vont bien au-delà du simple renvoi du contremaître et tourne autour d'augmentation de salaires et de meilleures conditions de travail. Elles bénéficient de la solidarité des autres ouvriers de la ville et permettra de créer ensuite un syndicat. Une petite erreur quant à la mention d'un parti communiste qui n'adviendra qu'une vingtaine d'années après. Le dessin est un peu dépouillé, en noir et blanc, avec parfois du bleu pour les photos. C'est plutôt le thème traité qui m'a intéressé que son traitement graphique.
Arsène a noté La belle de mai : 4 étoiles

La belle de mai de Élodie Durand, Mathilde Ramadier
Marseille, Hiver 1887. Plus d'un millier de femmes sont employées à la manufacture des tabacs de la rue Bleue (aujourd'hui …
Arsène a publié une critique de Grands ensemble par Fabien Truong
Un regard absolument nécessaire pour qui s'intéresse aux quartiers et villes populaires
5 étoiles
Ce travail remarquable effectué à Grigny par les deux sociologues sur les 10 années qui ont suivi les attentats de 2015 est remarquable. D'abord il se lit presque comme un roman, il est constitué de dizaines de témoignages, de discussions, d'échanges, de documents rassemblés et mis en relation, contextualisés comme il est nécessaire de le rappeler dans tout travail de cette envergure. Mais et c'est ça peut-être le plus important, il donne à voir ce qu'on ne voit pas, ce qui fait la vie ensemble, ce qui fait société, ce qui fait humanité. Toutes ces vies, ces adultes, ces enfants qui vivent là, se croisent, y travaillent, ne font que passer, y reviennent, c'est ça qui s'exprime ici, la solidarité malgré tout, la recherche de soutien les uns aux autres. Ce partage d'expériences tellement diverses car trop souvent ignorées voire méprisées, c'est le tissu de notre vie à tous, bien …
Ce travail remarquable effectué à Grigny par les deux sociologues sur les 10 années qui ont suivi les attentats de 2015 est remarquable. D'abord il se lit presque comme un roman, il est constitué de dizaines de témoignages, de discussions, d'échanges, de documents rassemblés et mis en relation, contextualisés comme il est nécessaire de le rappeler dans tout travail de cette envergure. Mais et c'est ça peut-être le plus important, il donne à voir ce qu'on ne voit pas, ce qui fait la vie ensemble, ce qui fait société, ce qui fait humanité. Toutes ces vies, ces adultes, ces enfants qui vivent là, se croisent, y travaillent, ne font que passer, y reviennent, c'est ça qui s'exprime ici, la solidarité malgré tout, la recherche de soutien les uns aux autres. Ce partage d'expériences tellement diverses car trop souvent ignorées voire méprisées, c'est le tissu de notre vie à tous, bien loin des clichés vus, ressassés à n'en plus finir. Malgré les années que j'ai passées, que ce soit professionnellement ou en y habitant et en y restant encore aujourd'hui comme bénévole, dans ces quartiers populaires qu'on taxe d'une image dégradée, violente où la misère est là, j'ai quand même eu l'impression d'être passé à côté de beaucoup de richesses.



