Profil

Il n’existait qu’une seule règle : lorsque nous sortions de nos vaisseaux, nous devions ressembler à des humains adultes et avoir nos cerveaux sur nous. Les aspects mineurs tels que le genre, la stature, la pigmentation et l’orientation sexuelle demeuraient libres, mais il nous fallait tous arborer les traits d’Abigail Gentian : ses pommettes hautes, sa mâchoire carrée et ses yeux vairons, l’un vert et l’autre d’un bleu sombre hivernal. Nous pouvions choisir tout le reste.

— La millième nuit de Alastair Reynolds (Page 22)

Au dernier décompte, on dénombrait dix millions de systèmes stellaires habités. Cinquante millions de mondes de classe planétaire. Des civilisations étaient nées, avaient grossi puis avaient disparu depuis les précédentes retrouvailles. À chaque nouvelle réunion, on ne voyait pas comment les franges d’humanité les plus extrêmes pourraient devenir plus étranges, moins reconnaissables. Elles y parvenaient pourtant toujours ; elles s’infiltraient dans chaque interstice cosmique comme de la lave fondue, puis y créaient des repaires inédits dont personne n’avait encore jamais osé rêver.

— La millième nuit de Alastair Reynolds (Page 21)

Avoir de l’imagination quand on est adulte est aussi un luxe de personnes qui ont du temps et de l’espace pour ça. J’en fait partie, je ne peux pas le nier. Mais plutôt que de m’accaparer cette faculté ou de la dénigrer pour décourager les autres de s’en emparer et de (re)découvrir combien elle est transgressive, j’ai envie de lui redonner son statut de bien commun, de droit inaliénable : gratuite, libre, universelle.

— Éloge des fins heureuses de Coline Pierré (Page 59)

Soyons bien clair·es : je ne dis absolument pas qu’il suffit de « voir la vie du bon côté » ou de se donner «  un bon coup de pied au cul » pour parvenir à agir. Je ne crois pas du tout que « si on veut on peut » , et à mon avis, ce genre de discours participe au même courant de dépolitisation de nos vies et de nos actions que le fatalisme. L’optimisme ne relève pas d’un choix, sinon ce serait trop facile. On fait comme on peut. En revanche, le pessimisme érigé en posture esthétique en est un.

— Éloge des fins heureuses de Coline Pierré (Page 23)