GilB veut lire 2 € de l'heure par Nejma Brahim

2 € de l'heure de Nejma Brahim
[4e de couverture] Sabine est aide à domicile auprès de personnes âgées, Yao manutentionnaire pour une grande enseigne dans un …
Je lis beaucoup de SF et de BD mais aussi de la littérature japonaise et américaine. Déjà utilisateur de Bookwyrm, je repars à zéro sur cette nouvelle instance. Je suis aussi sur Mastodon
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[4e de couverture] Sabine est aide à domicile auprès de personnes âgées, Yao manutentionnaire pour une grande enseigne dans un …
Certaines chansons dictent ainsi leur loi. Leur interprète n’a alors plus qu’à s’incliner. Il en devient l’instrument, lui qui pensait qu’elles étaient à son service. Qu’il s’y refuse, et on n’entendra plus qu’elles, leur silence, le son de leur absence dans un concert. Le précédent du « Twenty Two Bar » m’avait servi de leçon. Une fois, mais pas deux.
— Ma vie en morceaux de Dominique Ané (Page 122)
Pour la chanson Rendez-nous la lumière
Tu te souviens de ce que tu m’as dit avant mon départ. William a disparu, as-tu dit, et si énergiquement que je cherche je ne le retrouverai jamais. Voilà tes paroles. Alors je t’ai répondu que ce que tu disais m’était égal, que j’allais retrouver mon frère. Et puis je suis montée sur cet horrible bateau et je t’ai quitté. Il y a combien de cela ? Je ne peux plus m’en souvenir. Des années et des années, me semble-t-il. Mais à vue de nez, seulement. Je n’en fait pas mystère. J’ai perdu la piste et jamais rien ne me remettra dans le bon chemin.
— Le voyage d'Anna Blume de Paul Auster (Page 10)

[4e de couverture] In the Country of Last Things est le titre original du Voyage d’Anna Blume. De ce …
« – Mon secret, c’est que je hais les gens, dit la femme avec une grande sincérité, et pour le coup elle plut à Mirella. – Tout le monde ? – Sauf peut-être deux ou trois personnes. A votre tour. – Mon secret, c’est que je voudrais tuer un homme. » Était-ce vrai ? Mirella n’en était pas sûre. En tout cas, ça avait l’accent de la vérité. La diseuse de bonne aventure scruta le visage de Mirella, comme pour déterminer s’il s’agissait d’une boutade. « Un homme en particulier ? » Elle eut un sourire incertain – Vous plaisantez, hein ? S’il vous plaît, dites moi que vous plaisantez ? – mais Mirella ne lui rendit pas son sourire. « Oui répondit Mirella. Un homme en particulier. » Le fait de l’exprimer donnait corps à son affirmation.
— La Mer de la Tranquillité de Emily St. John Mandel (Page 77)
Alice n’a jamais vu une chose pareille : un musée qui n’expose rien ; mais qui impose, sans contrainte apparente, son espace et son temps au visiteur ; presque inexistant en tant que tel, puisque déduit à une présence élémentaire, aérienne, aquatique, minérale ; un lieu vide et cependant plein, accueillant et doux, archaïque et contemporain. Quand elle relève la tête, Alice s’aperçoit que le couple est parti ; il y a une dizaine de visiteurs sous la coupole : de vieilles dames japonaises studieuses, une famille italienne qui murmure, comme à l’église, et dont les enfants, saisis par la singulière beauté du lieu, rêvent, méditent, contemplent.
— Dejima de Stéphane Audeguy (Page 251)
A propos de l’œuvre Matrix du musée d’art de Teshima dans la partie III Alice
Soudain une vitalité immense l’envahit : l’acuité de sa vue, sa tonicité musculaire, la finesse de son ouïe, la sensibilité presque douloureuse aux odeurs d’encens des boutiques l’enivrent. Elle quitte le sanctuaire d’un pas léger, et ce n’est qu’en arrivant devant le vitrine d’un grand magasin moderne du centre-ville qu’elle peut s’observer de pied : elle se trouve jeune, mince, plutôt jolie. Sa carte d’identité lui apprend qu’elle se prénomme désormais Kumiko, un document soigneusement plié et rangé dans son portefeuille précise qu’elle bénéficie du statut de pupille de la nation japonaise. Elle se saisit d’un journal qui dépasse d’une corbeille à papier, et qui indique que nous sommes à la fin de la trente-neuvième année de l’ère Showa et, dans le comput occidental, le 25 septembre de l’an 1964.
— Dejima de Stéphane Audeguy (Page 148)
Dans la partie II Kinoko
En entrant dans la baie de Yokohama, Mabel se croit après tant d’autres, aux portes du Japon moderne. Elle pense qu’il lui suffira dès lors d’avancer vers lui pour le connaître, comme en 1902 elle avait découvert, émerveillée, Kyoto en descendant du train moderne et pimpant qui l’avait transportée d’Osaka à l’ancienne capitale ; mais Yokohama est la porte détruite qui bée sur un pays défait : les habitations traditionnelles, construites sans fondation, faites de bois et de papier, sont parties en fumée ; une lèpre de bidonvilles couvre une vaste plaine, à l’ouest de la ville ; partout des terrains vagues, des monceaux de débris non identifiables ; dès le sortir du port, l’occupant américain a tracé, large et rectiligne au milieu des ruines, la route qui mène les vainqueurs à Tokyo. […] Au delà, on croit pouvoir supposer le Japon et les Japonais ; mais, comme il n’y a toujours pas d’éclairage public digne de ce nom, le pays, ses paysages et ses habitants demeurent invisibles. L’armée américaine est une jeune taupe terriblement efficace : elle a sapé une vieille civilisation, en a retourné le sol en tout sens, insensible aux dégâts considérables qu’elle a provoqués. Ainsi Mabel s’avance-t-elle vers Tokyo, tout aussi aveugle que son glorieux pays d’origine.
— Dejima de Stéphane Audeguy (Page 56)
Dans la partie I Mabel

Emily St. John Mandel renouvelle le thème classique du voyage dans le temps à sa manière unique, dans une histoire …

[4e de couverture] À travers les métamorphoses successives d’une femme, Mabel, arrivée jeune mariée à Kyoto en 1902, revenue veuve …

[4e de couverture] À travers les métamorphoses successives d’une femme, Mabel, arrivée jeune mariée à Kyoto en 1902, revenue veuve …
En polo, bermuda et chaussettes, nous avons franchi la deuxième porte. Mes plantes bleu ciel se salissaient à chaque pas. Quand j’avançais, les sensations presque parfaites me perturbaient dans ce couloir cylindrique en métal qui me rappelait tellement nos modules que je m’attendais à flotter. Au contraire, je transpirais toujours et l’air gonflait mes poumons avec difficulté, le sol attirait tous mes organes – quand cela cessera-t-il ? – mes pieds se traînaient, sur le point de manquer un pas. L’envie de me déplacer à quatre pattes penchait mon buste vers l’avant. La troisième porte s’ouvrit sur du bruit, partout. Des paroles fusaient, des rires se battaient et s’entrecoupaient dans cet espace clos dont les parois renvoyaient les sons de tous les côtés à la fois. J’ai plaqué mes mains sur mes oreilles. Au centre, autour d’une table désagréablement fixée au sol, me regardaient arriver les filles des autres stations, assises dans l’ordre de notre salle de classe. Leurs fesses et leurs dos s’appuyaient sur des chaises. Repoussant.
— Paideia de Claire Garand (Page 120)
Un livre qui porte bien son nom. Elles sont bizarres ces nouvelles. Les premières m’ont laissé de glace. Essentiellement de courtes tranches de vie sans réel enjeu dramatique. Bien écrite, mais pas vraiment ma came. Ça m’a fait penser à des nouvelles fantastiques du XIXième siècle, auxquelles je n’accroche plus ces jours-ci.
J’ai bien fait de ne pas faire tomber le livre, car les trois derniers récits, qui occupent la moitié du volume, m’ont davantage plu. Le Transfugium, La Montagne de Tous-les-saints et Le Calendrier des fêtes humaines sont des récits d’anticipation, où, suivant un personnage, on glisse un regard furtif dans des mondes alternatifs qui éveillent l’imagination.
Un livre qui porte bien son nom. Elles sont bizarres ces nouvelles. Les premières m’ont laissé de glace. Essentiellement de courtes tranches de vie sans réel enjeu dramatique. Bien écrite, mais pas vraiment ma came. Ça m’a fait penser à des nouvelles fantastiques du XIXième siècle, auxquelles je n’accroche plus ces jours-ci.
J’ai bien fait de ne pas faire tomber le livre, car les trois derniers récits, qui occupent la moitié du volume, m’ont davantage plu. Le Transfugium, La Montagne de Tous-les-saints et Le Calendrier des fêtes humaines sont des récits d’anticipation, où, suivant un personnage, on glisse un regard furtif dans des mondes alternatifs qui éveillent l’imagination.
Trouver un travail pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches. Faire l’expérience d’être exploité par un employeur peu scrupuleux. Devoir dépendre, lorsque l’on est une femme, d’un homme qui ne cherche qu’à savourer votre vulnérabilité. Peiner à trouver un logement. Évoluer dans des métiers éreintants. Vivre dans la peur d’être contrôlé. Être au mauvais endroit au mauvais moment et se voir interpellé. Être menacé de renvoi dans son pays d’origine. Lancer une demande de régularisation que la préfecture préfère ignorer, ou tout simplement rejeter, malgré toutes les preuves de son insertion sociale et professionnelle. Tenter, encore et toujours, de convaincre de sa bonne foi et de son honnêteté, loin des clichés cherchant à associer à tout prix l’insécurité ou la fraude sociale à toute personne d’origine immigrée. C’est cela la face cachée de l’« immigration » à la française, que vantent les politiques année après année, sans jamais reconnaître que rien n’est mis en place pour accompagner les personnes étrangères dans cette dite « intégration ».
— 2 € de l'heure de Nejma Brahim (Page 8)
Dans l’avant-propos

[4e de couverture] Sabine est aide à domicile auprès de personnes âgées, Yao manutentionnaire pour une grande enseigne dans un …