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A rejoint ce serveur il y a 11 mois, 2 semaines

Vieux geek aigri, je cherche dans les livres à comprendre les humains et des graines de futurs un peu plus désirables. Mes goûts me poussent essentiellement vers les récits contemporains et l’anticipation.

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Livres de Clochix

a terminé la lecture de Idéal standard par Aude Picault

Aude Picault: Idéal standard (French language, 2017) 4 étoiles

Claire, trentenaire, multiplie les relations sans lendemain et désespère de construire un couple. En s'installant …

Idéal standard, de Aude Picault, est une BD tendre, narrant des tranches de vie d’une femme trentenaire, hétérosexuelle, qui cherche l’amour et à se mettre en couple. Ses rencontres, ses histoires, les copines et le boulot. Un récit doux amer dont je suis sorti renforcé dans la conviction que la plupart des mecs sont des déchets, et que le couple est une aberration dont il est urgent de débarrasser nos imaginaires.

Luce Basseterre: Le chant des Fenjicks (Paperback, 2020, MNEMOS) Aucune note

La transhumance galactique des Fenjicks est menacée. Traquées depuis des millénaires par des reptiliens hermaphrodites, …

J’ai eu un sentiment mitigé en refermant Le chant des Fenjicks, de Luce Basseterre, une fresque spatiale. D’un côté, un univers alléchant, où de nombreuses espèces cohabitent. Le récit tourne autour des Fenjicks, des sortes de baleines qui voyagent dans l’espace. Du fait de leur résistance, elles sont chassées pour être transformées en navettes spatiales, équipées d’une IA. De l’autre, j’ai trouvé l’intrigue un peu confuse et donnant trop de place à de grandes batailles. La narration alterne entre de multiples personnages. Procédé intéressant, qui permet d’appréhender différents points de vue. Mais au final, ça m’a un peu perdu. Et le fil conducteur, la lutte pour leur émancipation des Fenjicks asservi·es, au travers plusieurs batailles, ne m’a pas passionné.

Bref, j’ai été un peu frustré, j’aurais aimé en apprendre davantage sur les différentes espèces croisées, et sur la vie sur la station spatiale auto-gérée. Deux autres livres explorent le même …

Émilie Querbalec: Les Sentiers de recouvrance (Paperback, 2024, Albin Michel) Aucune note

Dans une Europe en pleine transition écologique, le portrait poignant et lumineux de deux adolescents …

Je n’avais pas trop accroché à la lecture de « Quitter les monts d'Automne » d’Emilie Querbalec. Mais après avoir lu des critiques élogieuses de son nouveau roman, « Les Sentiers de recouvrance », je me suis laissé tenter. Et c’est une nouvelle déception. L’histoire se déroule dans un très proche futur, dans un monde en pleine transition pour répondre au changement climatique. Ici, pas de catastrophisme. On voit les conséquences du réchauffement, sécheresse, réfugiés, mais on évoque plutôt des solutions, comme la navigation à voile. On suit deux jeunes qui ont pris la route. J’avais commencé à entrer dans l’histoire, quand elle a soudain changé de direction. Et je n’ai pas du tout accroché à la seconde moitié du récit. Je n’ai pas compris où l’autrice voulait m’emmener, les personnages deviennent distants, bref, j’ai l’impression d’avoir été appâté et abandonné en route. C’est dommage car la description en tâche …

Plume D. Serves: Nous sommes la poussière (Hardcover, français language, Les Moutons électriques) Aucune note

La vie d’Elias est une course d’obstacles. La vingtaine, elle tente de suivre ses études …

J’ai lu récemment Nous sommes la poussière, de Plume D. Serves ( @Eva@imaginair.es )

J’ai beaucoup aimé ce récit. On suit quelques années de la vie d’Elias, qui a été diagnostiquée « magnétophile ». Son rapport à la magnétophilie, ses luttes contre le validisme, mais aussi ses relations avec ses proches, parents, amies, amantes. À travers cette pathologie imaginaire, on devine différents handicaps bien réels, plus ou moins visibles. En tant que valide, ce récit m’a fait réfléchir. Ça n’est pas qu’une allégorie sur la maladie, mais aussi un portrait de femmes, humaines, très attachantes. Grâce à cela, le récit permet de dépasser la prise de conscience pour faire, un peu, l’expérience du validisme.

Deux petits regrets, sur la forme (entre les chapitres se glissent deux autres histoires, deux autres points de vue, mais je n’ai pas adhéré au procédé) et le dénouement. Mais ce ne sont que des détails, …

Cécile Coulon: Le rire du grand blessé (French language, 2013, Viviane Hamy) Aucune note

Le rire du grand blessé, de Cécile Coulon.

Une courte dystopie. Une société où les livres sont devenus des objets calibrés, destinés à contrôler la population par ses émotions. On suit un Agent, les gros bras du système, choisis parmi la population illettrée afin de ne pas être accessibles au pouvoir des livres.

Je n’ai pas du tout accroché, ni au style de l’autrice, ni à l’histoire. Rien à dire.

a terminé la lecture de Chanson douce par Leïla Slimani (nrf)

Leïla Slimani: Chanson douce (French language, 2016, Éditions Gallimard) Aucune note

"Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de …

#VendrediLecture Chanson douce de Leïla Slimani

Dès les premières lignes, le dénouement est connu : Louise, la super nounou, a tué les deux enfants dont elle avait la charge, avant de se suicider. Ne reste qu’à comprendre comment elle en est arrivée là.

C’est un roman qui m’a touché, avec des personnages dont je me suis senti proche. Le couple de jeunes petits bourgeois parisien, bien sûr, qui courent après la vie et confient leurs enfants à une nounou. Mais aussi Louise, incarnation de la femme seule, à qui la vie n’a fait aucun cadeau, et qui a toujours vécu par procuration, pour les enfants dont elle s’occupe et à travers leur famille. Difficile de ne pas se demander, et si c’était moi ? Les parents, bien sûr. Ou Louise. Ce livre fait ressentir combien la frontière est étroite, le drame à porté de main, au bout de la pente.

Laurie Halse Anderson: Je suis une fille de l'hiver (Paperback, 2016, La Belle Colère) Aucune note

Je suis une fille de l'hiver, de Laurie Halse Anderson

Avertissement : mentions de troubles du comportement alimentaire et d’auto-mutilation.

Une lecture difficile. Lia, une adolescente de 18 ans, vient d’apprendre la mort de Cassie, son amie d’enfance avec laquelle elle avait rompu quelques mois plus tôt. Elle se remémore comment, s’encourageant l’une l’autre, elles se sont progressivement enfoncées dans l’anorexie.

Une lecture très dure. Lia raconte de l’intérieur l’anorexie, la petite voix qui lui murmure qu’elle est trop grosse, son quotidien fait de manœuvres pour tromper ses proches et ne pas être à nouveau internée, et tout ce qu’elle s’inflige pour perdre du poids ou se punir. Le fantôme de son amie qui l’appelle.

Ce récit, nourrit de témoignages que l’autrice a reçu de lectrices, est profondément touchant, plus encore que Speak et Ma mémoire et un couteau. Laurie Halse Anderson arrive à nous faire ressentir les souffrances de …

Laurie Halse Anderson: Ma mémoire est un couteau (La Belle colère) Aucune note

Cela fait cinq ans que la jeune Hayley Kincaid n’a pas posé ses bagages quelque …

Ma mémoire est un couteau, de Laurie Halse Anderson.

Depuis ses 12 ans, Hayley vit sur la route, avec son père, vétéran des guerre d’Irak et d’Afghanistan. C’est elle qui doit gérer ses crises, lorsque ses souvenirs viennent le hanter. Pour la dernière année de lycée, tous les deux reviennent s’installer dans leur ville natale.

Ayant adoré Speak, j’ai lu les deux autres romans de Laurie Halse Anderson, et les ai pareillement aimés. Touché par Hayley, à la fois si forte lorsqu’il s’agit de s’occuper de son père, et ado larguée au lycée. C’est un beau livre sur l’amour d’une fille pour son père. En toile de fond, la place des vétérans aux États-Unis, un pays perpétuellement en guerre mais qui a du mal à gérer les traumatismes sur son propre sol de ses guerres.

#VendrediLecture

Laurie Halse Anderson, Emily Carroll: Speak (fr language, Rue de Sèvres) Aucune note

Melinda a 15 ans. Ce soir d'été, au beau milieu d'une fête, la jeune fille …

Avertissement : mention de viol et de harcèlement.

Speak est un roman graphique d’Emily Carroll d’après le récit partiellement auto-biographique de Laurie Halse Anderson. Melinda est une adolescente qui fait son entrée au lycée. Lors d’une fête à la fin du collège, un garçon l’a violé. Elle n’a réussi à en parler à personne, mais son comportement lui a attiré l’inimitié de ses camarades. Au fil de courts chapitres, elle raconte son quotidien, sa première année de lycée, le harcèlement, son décrochage progressif et le mutisme dans lequel elle s’enfonce. Le tout narré sur un ton doux-amer. J’ai beaucoup aimé la narration et les graphismes, on accompagne Melinda dans sa descente, mais on partage aussi ses moments de résistance. Un livre dur, forcément, mais d’où la résistance et l’espoir ne sont pas absents.

#VendrediLecture

a commenté Mauvaise herbe, tome 1 par Keigo Shinzō (Mauvaise herbe, #1)

Keigo Shinzō: Mauvaise herbe, tome 1 (French language, 2020) 4 étoiles

Au cours d'une descente de police dans une maison close miteuse maquillée en salon de …

Mauvaise herbe, de Keigo Shinzō.

Un manga en 4 tomes narrant la rencontre de deux solitudes. Une adolescente maltraitée par sa mère et qui fugue. Un homme inconsolable du décès de sa fille. Le récit est dur, forcément, décrivant la violence de la société japonaise pour les jeunes filles, entre prédateurs sexuels et harcèlement scolaire. Mais l’histoire n’est jamais glauque, et offre des passages lumineux. Jusqu’à une fin, que je ne dévoilerai pas, mais qui permet de s’interroger sur le récit qu’on vient de lire.

#VendrediLecture

Louise Erdrich, Isabelle Reinharez: L'Enfant de la prochaine aurore (Paperback, 2021, ALBIN MICHEL) Aucune note

Petite déception que ce roman qui se présente comme un antépisode de La servante écarlate.

Dans le monde contemporain, l’évolution semble faire demi-tour, et l’ensemble des espèces se mettent à régresser. Aux États-Unis, des factions religieuses en profitent pour prendre le pouvoir et le contrôle sur le corps des femmes. Chaque femme enceinte doit être internée pour qu’on veille sur elle. Cedar est une jeune femme d’origine amérindienne adoptée à sa naissance par un couple de bourgeois blancs progressistes. La crise la rattrape au moment où elle tombe enceinte et part sur les traces de sa mère biologique.

J’ai dévoré le premier tiers du livre, qui présente une galerie de personnages attachantes et met en place le décor. Hélas, le récit m’a progressivement perdu, en multipliant les péripéties et restant très flou sur les motivations des protagonistes, et j’ai trouvé la fin un peu déroutante.

Malgré cette légère déception par …

Carol Emshwiller: La Monture (Hardcover, Argyll éditions) Aucune note

Charley est un humain, mais Charley est surtout un animal apprivoisé. Sur une Terre devenue …

Un roman dérangeant, qui raconte l’aliénation de l’intérieur. De petits extraterrestres échoués sur Terre ont transformé les humains en montures, les traitant comme nous traitons les chevaux, un esclavage maquillé en fascination bienveillante. Charley est un adolescent destiné à devenir un champion, une monture de prestige. Il est heureux de son sort, fier de l’avenir qui lui est promis. Jusqu’à ce qu’il rencontre son père, qui des années auparavant s’est rebellé et enfui. Et Charley se retrouve déchiré entre son éducation de monture, son affection pour l’enfant qui le monte, et ce que les humains libres attendent de lui. Je n’ai pas vraiment accroché à l’intrigue ni à l’ambiance du roman. Mais je ne regrette pas cette lecture, parce qu’elle m’a mis mal à l’aise. C’est une parfaite illustration de la servitude volontaire, de l’attachement possible à nos chaînes et au relatif confort que la soumission procure parfois.

#VendrediLecture

Rose Lamy: En bons pères de famille (Hardcover, fr language, J.-C. Lattès) Aucune note

Dans cet essai à la première personne où s’entremêlent intime et politique, Rose Lamy montre …

Selon les bons pères de famille, les hommes qui commettent des violences dans la sphère intime, en coulisse de l'exercice de leur pouvoir, ne devraient être sanctionnés ni publiquement ni socialement afin qu’ils continuent à enrichir le monde de leurs apports et de leurs compétences hors normes. C’est comme si, pour récompense de leurs œuvres, ils recevaient, par une transaction symbolique, l’impunité en matière de violences sexistes et sexuelles, ainsi que l'assurance qu’elles seront disqualifiées (…)

Quand des militantes féministes s’opposent au principe voulant qu'on sépare l’homme de l’Artiste, elles demandent simplement de ne pas oublier les crimes et les délits de l’homme au nom de la qualité des œuvres. C’est logique, cela relève du bon sens, puisque quand on consomme les œuvres de l'artiste, on enrichit l’homme, en capital social et économique, c’est-à-dire en influence et en argent. Celui-ci dispose alors de davantage de moyens pour assumer le coût financier de sa défense et son impunité grandit avec le soutien qu’on lui apporte. (…)

On est en droit de se demander : pourquoi les bons pères de famille tiennent-ils telle- ment à consommer les œuvres d’hommes violents ? Je crois qu’ils aiment surtout avoir la liberté de le faire. Il y a une part de cynisme et d’opportunisme chez les plus puissants d’entre eux, ceux qui disposent des ressources et de l'autorité à agir contre l’avis du plus grand public. Quelle meilleure illustration que la déclaration de Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, dans l’émission C ce soir au sujet de Johnny Depp, qu'il a invité à faire l'ouverture du festival en 2023. Il feint d’abord de ne pas comprendre la polémique soulevée par la présence de l'acteur : « S’il y a quelqu'un au monde qui ne s’est pas du tout intéressé à ce procès qui l’a opposé à son ex-femme, c’est moi. » Affirmer qu'on n’a pas suivi une des plus grandes affaires médiatiques de la décennie quand on invite son principal protagoniste c'est, au choix, de la mauvaise foi ou du mépris. Il concède plus tard: « J'ai suivi comme ça, mais j’m’en fous. » Au moins c’est clair : ils ont Le luxe de « se foutre » d’un procès qui marque jusqu'ici le plus grand revers de la révolution culturelle #MeToo, de douze faits de violences conjugales sur quatorze reconnus par un juge anglais en 2020, ou de ce texto de Johnny Depp évoquant Amber Heard qui, à lui seul, devrait interroger la société dans son ensemble: « Je vais baiser son cadavre brûlé après coup, pour m’assurer qu’elle est morte. » C’est que les œuvres et le bon plaisir des patriarches comptent plus que le respect de l'intégrité physique et psychologique de leur entourage.

En bons pères de famille de 

Rose Lamy a publié sur Twitter quelques extraits de son essai En bons pères de famille, estimant que l’actualité illustrait parfaitement son propos. nitter.net/preparezbagarre/status/1740669102212190621